Laure Lavorel, Directrice juridique de CA Technologies France

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Laure Lavorel - Directrice juridique - CA Technologies France

Le Monde du Droit a rencontré Laure Lavorel, Directrice juridique de CA Technologies France et Fondatrice de l’association « Le Barreau en Entreprise ». Elle nous présente l'association qu’elle vient de fonder et revient sur son activité de directrice juridique.

Le Monde du Droit a rencontré Laure Lavorel, Directrice juridique de CA Technologies France et Fondatrice de l’association « Le Barreau en Entreprise ». Elle nous présente l'association qu’elle vient de fonder et revient sur son activité de directrice juridique.

Pouvez-vous brièvement nous décrire votre parcours ?

Titulaire d’un DEA en droit des affaires et économie de l’univers d’Assas (Paris II) et du CAPA en 1991, j’ai exercé la profession d’avocat au sein de différents cabinets d’affaires internationaux pendant 7 ans et demi. Au cours de cette période, j’ai travaillé pendant un an dans un cabinet américain, à New York, en tant que visiting attorney. Je m’y suis spécialisée en droit des NTIC. De retour en France, j’ai rejoint la société Oracle comme responsable juridique avant de devenir directrice juridique de la zone Europe du sud chez CA Technologies, éditeur américain de logiciels. La société emploie 13 000 personnes dans le monde, dont 300 en France.

Vous animez l’association « Le Barreau en Entreprise », en quoi cela consiste ?

 Le Barreau en Entreprise est une association professionnelle qui réunit ceux qui sont (déjà de fait) les « Avocats en Entreprise », c’est-à-dire ceux qui, ayant été Avocat inscrit à un Barreau français ou étranger, ont du « raccrocher » la robe lorsqu’ils ont fait de choix de la carrière en entreprise.

Cette situation typiquement française est quasiment unique en Europe. Elle désavantage, lorsqu’elle ne discrédite pas, ces professionnels à l’égard de leurs collègues étrangers. Cette amputation imposée fait également perdre le bénéfice du Legal Privilege, pourtant précieux pour les Groupes dont nous assurons la défense des intérêts.

Cette Association a donc pour objet de faire connaître et de promouvoir les fonctions d’Avocat - Juriste d’Entreprise en mettant en lumière leur spécificité au regard d’un exercice préalable du métier d’Avocat en Cabinet et, partant, de défendre la position de ces Avocats en Entreprise placés légitimement au centre même du débat actuel, au-delà des positions diverses des nombreuses Associations Professionnelles.

Comment avez-vous été amenée à créer cette association ?

Lorsque j’ai été interrogée par Jean-Michel Darrois dans le cadre de son rapport, j’ai pu assister à des débats autour de la question du rapprochement des juristes d’entreprise et des avocats. Ce rapport pré-législatif commandé par le Président de la République, rendu il y a un an, est relatif aux professions du droit et propose plusieurs réformes s’agissant de différentes professions et de la formation des juristes. J’ai été frappée par la division sur ce sujet dans un camp comme dans l’autre. J’ai alors constaté que la voix des anciens avocats devenus juristes n’est pas entendue malgré le don de « double vision » sur ce sujet. Il m’a semblé important que les anciens avocats devenus juristes se rassemblent avant que le ministère ne livre son projet de loi afin de peser dans le débat.

Quels sont les objectifs de cette association ?

 Notre association a pour objet de faire connaître et de promouvoir les fonctions d’Avocat - Juriste d’Entreprise en mettant en lumière leur spécificité au regard d’un exercice préalable du métier d’Avocat en Cabinet et, partant, de défendre la position de ces Avocats en Entreprise placés légitimement au centre même du débat actuel, au-delà des positions diverses des nombreuses Associations Professionnelles.

Il semble en effet que la représentativité de la population particulière que sont les avocats « passés » à l’entreprise pourrait œuvrer pour le rapprochement des professions. La parenté avec les Avocats, d’une part, et l’appartenance à la profession des juristes d’entreprise, d’autre part, légitime le rôle « trait d’union » de cette population entre ces deux mondes.

Concrètement, nous comptons faire valoir les réflexions, études et perspectives sur l’activité et le futur statut d’ « Avocat- Juriste en Entreprise ». Ce que nous développons sur notre site www.barreau-entreprise.fr. Nous voulons contribuer de ce fait à assurer la flexibilité du passage de la profession d’Avocat en Cabinet à celle de Juriste au sein d’une Direction Juridique d’Entreprise en développant et en mettant en place des programmes d’éducation tels que le mentoring, le coaching, l’organisation de groupes de travail et de cessions de trainings.

Revenons à vous, comment s’organise votre direction juridique ?

Mon équipe juridique est composée de 7 juristes qui couvrent l’ensemble des pays de la zone Europe du sud. Ils sont basés en France (Paris), Italie, Espagne et Israël. Ces derniers possèdent à la fois la casquette de spécialiste en Droit de NTIC et celle de généraliste, une double compétence à laquelle je suis très attachée car il est important que nous soyons des experts en droit de l’informatique et en propriété intellectuelle, mais nous devons aussi être des « médecins de famille » capables d’intervenir sur tous les sujets.

Je suis également membre du comité exécutif de CA Technologies France. Comme dans la plupart des sociétés américaines, CA Technologies accorde une place majeure au traitement juridique, c’est pourquoi la plupart des responsables juridiques sont présents dans les organes de direction de l’entreprise. Beaucoup reste à faire en revanche pour atteindre cette place dans les entreprises françaises.

Quelles problématiques spécifiques traitez-vous ?

La spécificité du droit de l’informatique est de vendre un bien incorporel, virtuel, dont la seule matérialisation est le contrat. C’est pourquoi notre rôle de juriste chez CA Technologie porte primordialement sur la prévention et la prise en compte en amont des problématiques juridiques de l’entreprise. Cette approche, plus préventive que curative, nous a permis aujourd’hui de ne compter aucun contentieux commercial à ce jour. D’autre part, j’exerce les fonctions en délégation du compliance officer au niveau local.

 

Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER


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