Dans cet entretien, Olivier Dorgans et Jean‑Julien Lemonnier reviennent sur la création et le développement de la task force « Éthique, Investigations, Défense » de Stephenson Harwood. Ils expliquent les raisons de leur collaboration et les synergies offertes par une approche pluridisciplinaire de la compliance et des enquêtes internes. Enfin, ils partagent leur analyse sur l’essor de la justice négociée et ses impacts sur les stratégies de défense des entreprises.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre Stephenson Harwood et sa task force « Éthique, Investigations, Défense » ?
Olivier Dorgans : Depuis son lancement fin 2023, la task force EID occupe une place unique et novatrice dans le marché parisien de la compliance, des enquêtes internes et de la défense, notamment concernant le recours aux outils de justice négociée. En décloisonnant au maximum les expertises réglementaires portées par ses membres (du droit de la concurrence aux sanctions économiques et contrôle des exportations, en passant par la lutte contre la corruption, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, le droit pénal des affaires, la protection des données personnelles, la durabilité et la cybercriminalité), la task force EID est en capacité d’offrir à ses clients une très large gamme d’accompagnements tout en capitalisant sur les synergies intrinsèques entre ces champs de compétence. Ce que nos clients appellent aujourd’hui de leurs vœux.
Dès mes premiers échanges avec Jean-Julien et Raphaël, et au-delà des valeurs communes qui nous animent, j’ai tout de suite perçu que nous partagions une même vision de notre métier et de la manière de répondre au mieux aux besoins et attentes de nos clients. La rencontre avec Nicolas Demigneux, managing partner, a également été déterminante : sa vision stratégique et l’énergie qu’il insuffle à la croissance du cabinet ont renforcé ma conviction de rejoindre cette belle aventure collective. J’ai immédiatement projeté mon équipe (Camille Mayet, Of Counsel, Pauline Montaldier, collaboratrice) au sein de la task force ; la fluidité de nos échanges n’a fait que renforcer l’évidence de ce recrutement. Près d’un mois après notre arrivée, je suis ravi de voir déjà à l’œuvre nos complémentarités, qui renforcent plus encore l’attractivité de l’offre globale EID. Avec mon équipe, nous avons à cœur de contribuer activement à cette dynamique de développement et de participer à l’écriture des prochaines étapes de la croissance du cabinet.
Comment l’arrivée d’Olivier Dorgans s’inscrit-elle dans le cadre du développement de EID ?
Jean-Julien Lemonnier : L’arrivée d’Olivier et de son équipe nous permet tout d’abord de consolider notre offre sur les activités que nous avons en commun, notamment les programmes de conformité et les investigations internes. Sur ces sujets, nos forces combinées permettront à notre task force d’atteindre la taille critique pour nous positionner plus facilement sur les dossiers de plus grande ampleur.
Par ailleurs, Olivier jouit d’un savoir-faire reconnu notamment en matière de sanctions internationales et dans le secteur de la défense, ce qui nous permet d’élargir notre périmètre d’intervention et d’envisager de nombreuses synergies.
À l’heure où la justice négociée prend de l’ampleur, comment anticipez-vous ses impacts sur les stratégies de défense ?
Olivier Dorgans : l’introduction et l’élargissement progressif de la justice négociée ont profondément modifié le positionnement et le rôle des directions juridiques et de la compliance dans la prévention, l’anticipation et la gestion des risques réglementaires et pénaux.
En notre qualité d’avocat, nous nous devons d’accompagner au mieux nos clients dans l’élaboration d’une stratégique préventive et curative qui intègre intelligemment les possibilités offertes par les solutions innovantes de justice négociée tout en veillant à préserver leurs intérêts et leurs droits dans l’hypothèse d’une judiciarisation des infractions constatées.
Le rôle de l’avocat enquêteur soulève par ailleurs de nombreuses problématiques nouvelles dont il est primordial de saisir les contours et les enjeux afin de servir aux mieux les intérêts de nos clients, tant dans la conduite d’enquêtes internes que dans la conclusion d’accords de justice négociée. Nos instances ordinales et le CNB se sont salutairement emparés de ces sujets ; gageons que le législateur leur emboite le pas prochainement.
Jean-Julien Lemonnier : Il faut appréhender l’essor de la justice négociée dans son écosystème global. Le vrai enjeu pour l’entreprise, c’est celui de la maîtrise du risque juridique dont les solutions de justice négociée constituent une forme d’aboutissement. Pour cela, les entreprises doivent se doter d’outils de conformité, notamment des systèmes d’alerte ergonomiques et efficients et mener des investigations internes robustes lorsque cela est nécessaire. De cette manière, elles maximisent leurs chances de pouvoir développer les stratégies de défense les plus à même de préserver leurs intérêts et d’optimiser le cas échéant l’usage des outils de justice négociée.
