La rentrée solennelle du barreau de Paris et de la Conférence, organisée au Théâtre du Châtelet ce vendredi 28 novembre, marque la fin du mandat du bâtonnier Pierre Hoffman et de la vice-bâtonnière Vanessa Bousardo. À cette occasion, ils ont dressé le bilan de deux années d’action et esquissé les défis à venir pour la profession.
Cap sur la réforme et l’innovation
Dans son discours, Pierre Hoffman a revendiqué une posture « intranquille », fidèle à l’ADN de l’avocat. « Depuis la campagne, chaque matin, je me réveille avec la même question : qu’est-ce que je peux faire pour mon barreau ? », a-t-il confié.
Son mandat s’est articulé autour de trois axes qu’il a résumés par les mots modernité, transparence et confiance. Pour lui, l’intégration de l’intelligence artificielle dans la pratique des avocats n’est pas une menace mais une opportunité : « Aujourd’hui, les avocats promptent pour chercher la jurisprudence, organiser leur cabinet, gérer les sollicitations et les rendez-vous clients. L’IA leur facilite la vie. Ils ont plus de temps, et peuvent se consacrer à l’essentiel : la relation humaine. »
Le bâtonnier a également insisté sur la nécessité de réformer l’autorégulation disciplinaire afin de restaurer la confiance dans l’Ordre. « Il est temps de nous réformer pour restaurer la confiance », a-t-il martelé, plaidant pour davantage de transparence et une place accrue pour les plaignants.
Autre combat central de son mandat : la défense du secret professionnel. « Nous ne deviendrons jamais les informateurs généraux de TRACFIN. Nous protégerons notre secret coûte que coûte », a-t-il affirmé, saluant le soutien du garde des Sceaux dans cette bataille.
Enfin, il a revendiqué une ouverture du barreau vers le monde contemporain, en participant aux grands rendez-vous économiques et technologiques. Son discours s’est conclu par un appel aux jeunes avocats : « Soyez intranquilles ! Soyez revêches ! Soyez cavaliers ! Avocat, c’est d’abord être libre. »
Défendre la justice et protéger les avocats
La vice-bâtonnière Vanessa Bousardo a, de son côté, centré son intervention sur la crise de confiance qui frappe l’institution judiciaire. « Ce qui est contesté aujourd’hui, ce n’est plus le degré avec lequel la justice s’exerce, c’est sa légitimité même », a-t-elle alerté.
Elle a insisté sur la nécessité de défendre devant l’opinion publique des principes essentiels tels que la présomption d’innocence, le procès équitable et les droits de la défense. « Défendre ce n’est pas s’identifier. C’est garantir les droits, et cette garantie implique une défense libre », a-t-elle rappelé.
Vanessa Bousardo a également mis en lumière les difficultés structurelles de la justice, en particulier la surpopulation carcérale, qu’elle considère comme une atteinte à la dignité humaine : « Des détenus dorment au sol, cohabitent à plusieurs dans quelques mètres carrés… C’est une atteinte à la dignité humaine. »
Elle a valorisé le dévouement des avocats, notamment à travers les permanences gratuites et l’engagement bénévole auprès des plus vulnérables. « Ce dévouement, silencieux, tenace, profondément humain, vous honore, et il nous oblige », a-t-elle souligné.
Enfin, Vanessa Bousardo a rendu hommage aux pionnières de la profession et mis en avant le collectif international Bâtonnières du Monde. « Nous y avons toute notre place et nous devons la prendre. Partout, nous sommes légitimes. Chaque avocate l’est. Chaque femme l’est », a-t-elle affirmé.
Arnaud Dumourier
