Le Monde du Droit a interrogé Christian Roth, associé fondateur du cabinet rothpartners.
Pourquoi avez-vous décidé de créer ce cabinet ?
Après plusieurs années d’exercice dans les affaires internationales, on se rend compte qu’il n’y a, à vrai dire que deux modèles : soit une firme multinationale, soit une structure aussi légère que possible. Le dénominateur commun, c’est la multi-culturalité. Les cabinets d’affaires français ont beaucoup de mal à comprendre cela, eux qui voient Bruxelles sous le prisme des "blagues belges" et en pensant qu’il suffit de parler anglais pour attirer une clientèle internationale, qu’elle soit française ou étrangère.
Après, c’est une question de choix personnel : comme beaucoup d’entre nous le savent, la grande firme rime avec pression du chiffre d’affaires, rentabilité et hiérarchisation des décisions. La structure légère rime avec originalité, initiative et liberté décisionnelle. J’ai choisi la structure légère, car à l’âge où certains préparent déjà leur retraite, l’esprit d’entreprise reste le meilleur antidote pour maintenir sa vitalité.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
J’ai commencé par du droit communautaire. A la fin des années 70, le Marché unique n’existait pas et il se réalisait à coup de jurisprudence. J’ai fait mes classes auprès d’un grand seigneur d’un Barreau du passé, Roland Funck-Brentano et son épouse Lise, au sein d’un barreau de Paris de 3 000 avocats. C’était avant la fusion des professions, encore du temps des machines à écrire Olivetti à boule. Le fax est apparu à la suite d’une longue grève des Postes et le courrier international partait par paquets au départ de Bruxelles ou de Sarrebruck !
Après plusieurs années le droit communautaire a cédé la place aux relations d’affaires transfrontalières, particulièrement franco-allemandes. J’ai ainsi poursuivi comme associé senior chez BMH Avocats et plus tard chez PDGB, où j’ai créé le german desk et l’activité internationale en général. En parallèle j’enseignais le droit communautaire à l’Université de Paris I.
Qui a le plus influencé votre carrière ?
C’est une question complexe, car sauf à avoir un « modèle », la carrière se forge au fil de l’expérience des dossiers, du côtoiement avec les clients, de la diversité des tâches que l’on assume. Les figures de Bâtonniers, de responsables d’associations internationales, de juges européens forment un profil dont on s’inspire.
Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?
Mes confrères de l’Europe entière m’ont porté, à la fin des années 90, à la Présidence de l’Union des Avocats Européens. Pendant deux ans, cette fonction vous met au contact de la diversité du Barreau européen, du sud de l’Italie aux plaines venteuses du Danemark. L’activité est très intense, car il faut continuer à gérer ses affaires et ses clients, tout en portant devant les institutions européennes les préoccupations et problèmes de la profession.
Quels sont vos domaines de compétences ?
Les opérations cross-border, par la mise en place de joint-ventures.
Le conseil, en contrat et en corporate, a une place dominante. Mais le contentieux, par une connaissance précise des arcanes des Tribunaux de Commerce, est aussi présent.
Nous sommes spécialisés dans le secteur industriel et dans le transport ferroviaire.
Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?
Dans l’activité transfrontalière européenne, on note une nette tendance, pour les groupes multinationaux, au désinvestissement. Cela est dû à des impératifs de recentrage sur des métiers plus ciblés, pour rester au plus près de l’activité fortement identifiée.
Qui conseillez-vous ?
Des entreprises européennes, plus particulièrement du « Mittelstand » allemand, et des entreprises françaises dont le marché à l’export est essentiel ces jours-ci. Nos réseaux internationaux, entretenus par des rencontres biannuelles, permettent d’assurer un service de qualité.
Quels sont vos objectifs pour votre cabinet ?
Diversifier l’offre de service internationale, en proposant nos compétences, à partir de l’expérience européenne, dans d’autres zones du monde.
Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER