IA génératives : quel impact sur les directions juridiques ?

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Les IA génératives – ChatGPT ou autres Midjourney – montent en puissance et suscitent un très large engouement. On parle souvent de rupture technologique à leur sujet. Mais quels sont les enjeux pour les professionnels du droit ? L'AFJE s'est récemment penchée sur la question, le temps d'un webinaire dédié.

Développement des cas d'usage pour les juristes

Un outil comme ChatGPT propose des solutions très intéressantes pour les fonctions juridiques, par exemple pour la rédaction de documents, notamment contractuels, ou bien encore pour effectuer des recherches sur telle ou telle question de droit.

Clara Ripault, Responsable juridique chez Modjo, témoigne au sujet d'un outil d'intelligence artificielle développé en interne : « Cela permet de faire des résumés de texte. Je vais par exemple obtenir un résumé des échanges après un entretien téléphonique avec un client. A la fin, un compte-rendu est généré. » La juriste utilise également cet outil pour réaliser des traductions ou encore rédiger des clauses.

La legaltech Predictice a quant à elle intégré ChatGPT au sein même de sa solution pour construire des résumés de jurisprudence et proposer – actuellement en version bêta – un assistant omniscient aux directions juridiques. Pour Louis Larret-Chahine, Co-Fondateur de Predictice, ces développements ne visent pas à remplacer les professionnels du droit mais vont « permettre à chacun d'être meilleur ».

Autre témoignage de legaltech. Pour Cyril Godet, Dilitrust : « La gestion du cycle contractuel sera pour nous le premier cas d'usage que l'on pourra adresser. »

Enfin, lors du webinaire organisé par l'AFJE, nous avons pu faire davantage connaissance avec Harvey, le « ChatGPT du droit » proposé par PwC. Olivier Chaduteau, Associé de ce géant du conseil, s'est en effet livré à une rapide démonstration des potentialités de l'outil. Une solution dédiée aux juristes et fondée sur l'IA générative. Elle permet par exemple, sur demande en langage naturel, de repérer dans un contrat de 300 pages les clauses qui protègent le mieux les actionnaires de l'entreprise ou encore de réécrire telle ou telle stipulation afin d'optimiser la protection juridique. L'outil peut aussi concevoir des mémos structurés. Mais son intervention requiert toujours un contrôle humain a posteriori.

Menace ou opportunité ?

Selon une récente étude Goldman Sachs, les IA génératives menaceraient des centaines de millions d'emplois à travers le monde. Et 44 % des tâches au sein des fonctions juridiques seraient concernées ! Alors menace ou opportunité pour les professionnels du droit ?

« J'ai plutôt une approche assez positive » explique Clara Ripault. « Beaucoup de tâches dans le métier de juriste sont rébarbatives et très chronophages. Cela m'intéresse beaucoup de pouvoir me concentrer sur les aspects à forte valeur ajoutée. Si je gagne du temps grâce à la technologie, je pourrai avoir un impact plus important dans l'entreprise, j'aurai du temps pour des décisions stratégiques, du temps aussi pour me former sur d'autres pans du droit. J'ai plutôt l'impression que cela va nous permettre de grandir et d'ouvrir de nouveaux horizons. »

Même son de cloche optimiste du côté de Cyril Godet : « L'automatisation de certaines tâches permettra de se focaliser sur la plus haute valeur ajoutée, à savoir l'analyse juridique ou legal opinion qui va prendre plus de place. »

Cela suppose néanmoins une certaine adaptabilité pour les juristes qui doivent se former dès maintenant aux nouvelles compétences technologiques. Car selon Grégoire Miot, Wolters Kluwer : « L'IA ne va pas remplacer les métiers du droit, en revanche les juristes actuels vont être remplacés par des juristes qui savent utiliser ces outils. »

Hugues Robert (@HuguesRob)


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