Lorsqu'un permis de construire a été obtenu par fraude, l'illégalité qui en résulte n'est pas de nature à être régularisée par la délivrance d'un permis de construire modificatif.
Par un arrêté, le maire d'une commune a délivré à une société un permis de construire portant sur un changement de destination ainsi que des travaux de modification d'un bâtiment existant.
Après que des administrés ont demandé au juge administratif l'annulation de cet arrêté, le maire a délivré à la société un permis modificatif.
Le tribunal administratif de Versailles, dans un jugement rendu le 9 novembre 2023, a rejeté la demande tendant à l'annulation pour excès de pouvoir de ces deux arrêtés.
Le Conseil d'Etat, par un arrêt du 18 décembre 2024 (requête n° 490711), annule le jugement de première instance.
Lorsqu'un permis de construire initial a été délivré en méconnaissance des dispositions législatives ou réglementaires relatives à l'utilisation du sol ou sans que soient respectées des formes ou formalités préalables à la délivrance des permis de construire, l'illégalité qui en résulte peut être régularisée par la délivrance d'un permis modificatif.
Ce dernier doit assurer le respect des règles de fond applicables au projet en cause, répondre aux exigences de forme, ou bien intervenir après l'exécution régulière de la ou des formalités qui avaient été omises.
Les irrégularités ainsi régularisées ne peuvent plus être utilement invoquées à l'appui d'un recours pour excès de pouvoir dirigé contre le permis initial.
Toutefois, lorsqu'un permis de construire a été obtenu par fraude, l'illégalité qui en résulte n'est pas de nature à être régularisée par la délivrance d'un permis de construire modificatif.
Il s'ensuit qu'une telle illégalité peut être utilement invoquée à l'appui d'un recours pour excès de pouvoir dirigé contre le permis initial alors même qu'un permis modificatif aurait été délivré.
En l'espèce, la société titulaire du permis avait présenté de manière intentionnelle des informations erronées sur le terrain d'assiette du projet dans son dossier de demande de permis de construire, de nature à tromper l'administration sur la réalité du projet.
Le permis de construire litigieux avait donc été obtenu par fraude.
Le Conseil d'Etat annule le (...)