Indice de perception de la corruption 2023 : une corruption non maîtrisée par des systèmes judiciaires de plus en plus faibles

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L’Indice de perception de la corruption (IPC) 2023 publie aujourd’hui par Transparency International montre que dans la plupart des pays, la lutte contre la corruption du secteur public n’a pas ou peu progressé. À l’échelle mondiale, l’IPC moyen est de 43 et reste inchangé. Pour la douzième année consécutive, plus de deux tiers des pays ont un score inférieur à 50. Ceci est un signe de graves problèmes de corruption.

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L’indicateur État de droit révèle une détérioration globale du fonctionnement des systèmes judiciaires. Les pays qui obtiennent les scores les plus bas sur cet indicateur obtiennent également des scores très bas sur l’IPC. Ceci met en évidence un lien manifeste entre l’accès à la justice et la corruption. En fragilisant la justice, les régimes autoritaires aussi bien que les dirigeants partisans de la démocratie, renforcent l'impunité des actes de corruption. Dans certains cas, ils l’encouragent même en supprimant la sanction des malfaiteurs. L’impact de leurs actions est évident de par le monde, du Venezuela (13) au Tadjikistan (20).

« La corruption aura de beaux jours devant elle tant que les systèmes judiciaires ne pourront pas sanctionner les actes répréhensibles et maintenir les gouvernements sous contrôle. Lorsque la justice est achetée ou fait l’objet d’ingérences politiques, c’est le peuple qui en pâtit. Les dirigeants doivent investir sans retenue dans les institutions chargées de faire respecter la loi et de lutter contre la corruption, et garantir leur indépendance. Il est temps de mettre fin à l’impunité dont jouit la corruption » explique François Valérian, président de Transparency International.

Faits marquants au niveau mondial

L’IPC classe 180 pays et territoires en fonction de la perception du niveau de corruption au sein de leur secteur public sur une échelle de zéro (forte corruption) à 100 (aucune corruption).

Le Danemark (90) arrive en tête pour la sixième année consécutive, suivi de près par la Finlande et la Nouvelle-Zélande, avec des scores respectifs de 87 et 85. Grâce au bon fonctionnement de leurs systèmes judiciaires, ces pays sont également parmi les mieux classés selon l’indicateur État de droit.

La Somalie (11), le Venezuela (13), la Syrie (13), le Soudan du Sud (13) et le Yémen (16) occupent les dernières places sur l’indice. Tous ces pays sont touchés par des crises prolongées, essentiellement des conflits armés.

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23 pays obtiennent cette année le plus mauvais score de leur histoire. On compte parmi eux, des démocraties de premier plan comme l’Islande (72), les Pays-Bas (79), la Suède (82) et le Royaume-Uni (71) ainsi que des États autoritaires comme l’Iran (24), la Russie (26), le Tadjikistan (20) et le Venezuela (13).

Depuis 2018, 12 pays ont vu leur score de l’IPC baisser de manière significative. Parmi eux, des pays à revenu faible ou intermédiaire tels que le Salvador (31), le Honduras (23), le Liberia (25), le Myanmar (20), le Nicaragua (17), le Sri Lanka (34) et le Venezuela (13), ainsi que des économies à revenu intermédiaire supérieur ou à revenu élevé telles que l’Argentine (37), l’Autriche (71), la Pologne (54), la Turquie (34) et le Royaume-Uni (71).

Huit pays ont amélioré leur score de l’IPC au cours de la même période : l’Irlande (77), la Corée du Sud (63), l’Arménie (46), le Vietnam (42), les Maldives (40), la Moldavie (39), l’Angola (33) et l’Ouzbékistan (31).

Quant à la France, classée 20ᵉ sur 180 pays et territoires, elle gagne une place par rapport à l’édition précédente. Cette progression est toutefois à relativiser dans la mesure où sa note (71) est moins bonne que celle reçue l’an dernier (72). La France n’a progressé que grâce à l’affaiblissement des autres pays du peloton de tête du classement. Ce qui est non seulement insatisfaisant, mais surtout particulièrement frustrant au regard des outils dont dispose la France depuis dix ans en matière de prévention, de détection et de sanction de la corruption. La France paie notamment le manque d’exemplarité du pouvoir exécutif, l’absence de politique publique de lutte contre la corruption et le manque d’indépendance de l’autorité judiciaire.

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