Cyril Nourissat, professeur agrégé des Facultés de droit, répond aux questions du Monde du droit sur sa prise de fonction à la tête du comité technique et scientifique du cabinet Lexavoué.
Pourquoi avez-vous décidé de prendre la tête de ce comité technique et scientifique de Lexavoué ?
J'ai acquis la conviction que, plus qu'une science ou un art, le droit est avant tout une pratique. Le lien entre la "théorie" et la "pratique" est donc vital. Lorsque le cabinet Lexavoué, par la voix de ses associés, s'est rapproché nous avons de concert cherché à définir ce que le professeur de droit – que je suis et reste avant tout – peut apporter au-delà de son expertise acquise à l'instar de n'importe quel consultant. Il est apparu que le recul de l'universitaire doit être mis à profit, recul qui permet d'aborder tel ou tel dossier avec un œil probablement différent de celui de l'avocat pris dans les exigences du quotidien. De ces regards croisés doit naître une plus-value décisive au service du client, tant dans le conseil que dans la stratégie.
Comment est organisé ce comité ?
Ce comité est composé de plusieurs associés avec lesquels nous échangeons régulièrement. Chacun y apporte ses compétences, connaissances et expériences, que ce soit naturellement en procédure civile d'appel mais aussi en contrats, en baux commerciaux, en droit de la concurrence ou en arbitrage… L'idée est au fur et à mesure et après un état des lieux précis des compétences existantes, de constituer des groupes de travail qui suivront tel ou tel domaine plus particulièrement pour le compte du cabinet. Un premier retour sera d'ailleurs à l'ordre du jour du prochain congrès du cabinet Lexavoué prévu à Montpellier fin octobre. Mais c'est aller au-delà. Ainsi, le comité est aussi l'occasion de réfléchir, en ces temps assez bousculés, à la manière dont se dessine l'avenir de la profession d'avocat. Nous travaillons, par exemple, sur les perspectives en matière de postulation et en particulier, sur l'idée d'une postulation régionalisée qui nous paraît une piste intéressante de réponse – en forme de propositions concrètes – aux affirmations trop rapides du rapport de l'IGF.
Quelles sont vos missions ?
Les missions principales peuvent être déclinées selon trois propositions.
En premier lieu, concourir à la conception de la "doctrine" du cabinet. L’enjeu est, après une réflexion de fond, de dégager des bonnes pratiques qui attesteront ainsi de « l’unité du service fourni à tous les clients » telle qu’elle est mise en avant par la charte Lexavoué.
En second lieu, diffuser tant en interne qu'en externe cette "doctrine". La diffusion interne passe par un relai auprès de l’ensemble des avocats (par exemple, sous forme de lettre interne d’actualisation) mais aussi et surtout par une formation continue sans laquelle il ne peut aujourd’hui y avoir maintien d’un niveau élevé de compétence. La direction technique conçoit et propose alors des modules de formation susceptibles d’être dispensés dans les différentes implantations des cabinets. Par ailleurs, une lettre externe à destination des clients du cabinet a été créée avec une ligne éditoriale résolument pratique.
En troisième et dernier lieu, transférer cette "doctrine" dans la pratique du cabinet.Le comité technique intervient ainsi, le cas échéant, en appui aux avocats, dans les situations complexes particulières, leur permettant d’opérer les meilleurs choix opérationnels et stratégiques
Quel est l'apport de votre comité au cabinet d'avocats ?
Je vois essentiellement trois apports.
Tout d'abord, une plus grande fiabilité dans le conseil lié à une veille juridique systématique, objet d'une analyse et d'une mise en perspective.
Ensuite, une amélioration du quotidien de l'ensemble des avocats par une plus grande mise en commun, par l'identification et la formalisation de "bonnes pratiques".
Enfin, une contribution aux évolutions d'avenir du cabinet Lexavoué avec le développement de nouveaux champs de compétence, en particulier tournés vers l'européen et l'international où mon expérience en tant que consultant et arbitre réguliers en ces domaines est utilisée.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier
