Les enjeux de demain
Les défis et les enjeux de demain sont nombreux pour les documentalistes et les cabinets d’avocats. Sur un plan général, les questions de GED (Gestion Electronique de Documents) et la circulation des documents sur les intranets vont prendre une place de plus en plus importante. Même les cabinets aux dimensions les plus réduites ne pourront faire l’économie de systèmes qui permettent d’organiser, de faire circuler et de conserver les documents du cabinets, qu’il s’agisse de ceux de source externe ou ceux générés en interne.
Il y a également des dossiers précis qui se présentent d’ores et déjà comme des enjeux majeurs d’un avenir proche. C’est le cas du vaste chantier du RPVA (Réseau Privé Virtuel Avocat) et E-Barreau mis en place par le CNB. Ce système permettant aux cabinets d’avocats de communiquer avec le réseau justice (les tribunaux et les greffes) par l’intermédiaire du dispositif RPVA va bouleverser les habitudes en ce qui concerne la procédure et la mise en état des dossiers. Cependant, le système proposé n’est pas pour l’heure adapté au fonctionnement de tous les cabinets et il faudra sans doute de nombreux réglages pour que le système devienne performant pour tous. Les documentalistes ont joué un rôle important de go between entre l’Ordre et les cabinets dans les discussions concernant la mise en place du RPVA. Les documentalistes joueront sans doute un rôle décisif au sein des cabinets en ce qui concerne la bonne utilisation du système.
Sur le plan plus strictement documentaire, les cabinets d’avocats et leurs documentalistes vont devoir apprendre à s’orienter dans le référencement universel qui sera progressivement mis en place comme le préconise le rapport Wachsmann transmis au Premier Ministre le 29 janvier dernier portant sur la simplification et l’amélioration du droit. L’auteur du rapport qui est aussi le Président de la Commission des Lois y préconise que tous les textes français soient progressivement reliés par des liens, à partir de Légifrance, vers les textes communautaires correspondants et puis vers les textes équivalents dans le droit des Etats membres.
Ces gigantesques développements exigeront de la part des documentalistes une compréhension des éléments descripteurs d’un document ainsi que la capacité à savoir générer des sommaires automatiques ou encore des tris intelligents. Plus que jamais la question des langues se posera avec toute son acuité. Les spécialistes de la documentation devront, à minima, disposer d’un bon niveau d’anglais mais également connaître d’autres langues européennes pour trouver leur chemin dans ces nouveaux univers légaux dans lesquels se retrouveront enchaînés les directives, les règlements, les textes nationaux et la jurisprudence des Etats membres. Il ne s’agit pas là d’un avenir lointain. La Fondation pour le Droit Continental a déjà ouvert la voie en faisant un travail considérable de rapprochement entre le droit de la famille français et le droit de la famille allemand. Ceci a permis de résoudre des conflits lourds et coûteux qui s’étaient enlisés du fait du manque de dialogue entre les deux systèmes juridiques. « Les documentalistes devront logiquement jouer un rôle majeur pour aider les avocats dans ces nouveaux environnements documentaires », conclut Jean Gasnault.
Aujourd’hui, aucun cabinet d’avocats ne peut prendre le risque de ne pas faire de sa documentation un axe de développement prioritaire.