La disparition de la bibliothécaire, l'apparition du professionnel de l'information
Peu de domaines de la vie des avocats ont été autant bouleversés au cours de ces dernières années que celui de la documentation. La raison évidente de ce changement est naturellement l’arrivée d’Internet et son impact tant sur les moyens de distribution de l’information que sur l’information elle-même.
A ce titre, Légifrance, à lui seul, est une révolution. L’utilisateur final a maintenant entre les mains un accès direct et immédiat à des informations qui dans le passé nécessitaient à la fois une démarche de recherche mais surtout une assistance spécialisée pour les trouver.
« 70% de ce qu’on demandait avant aux documentalistes peut maintenant être fait par les avocats », explique Jean Gasnault. « Il en résulte que le rôle des documentalistes a changé et ceux-ci doivent maintenant savoir suivre l’évolution des produits, savoir manipuler ceux-ci à la fois pour rechercher mais également pour fabriquer les outils dont va se servir le cabinet », poursuit-il. En effet, la composition de pages web, l’utilisation du html et du xml font maintenant intégralement partie de la formation des documentalistes. Les documentalistes de la nouvelle génération travaillent spontanément sur les outils libres maintenant disponibles, connaissent la recherche sémantique ou encore les méta moteurs.
La journée d’un ou d’une documentaliste a aussi radicalement changé en dix ans. Avant, toute une partie de la journée devait être consacrée à des tâches de veille souvent fastidieuses et difficiles (revues de presse, découpages, photocopies...).
Maintenant, les différents outils proposés sur le marché permettent une veille à la fois beaucoup plus rapide et efficace. « Ces outils permettent de faire une veille sur un nombre de sources beaucoup plus large à un coût matériel et humain beaucoup plus faible que dans le passé », explique Jean Gasnault.
En une décennie, la moyenne d’âge des documentalistes a baissé de dix ans passant d’une moyenne de 40 ans à 30 ans. Les stagiaires en documentation qui sont de plus en plus nombreux dans les cabinets attestent de l’augmentation de l’attractivité d’un métier qui était parfois mal considéré.
La bibliothèque d’antan est devenue un des poumons du cabinet d’où émanent et où convergent l’information et le savoir des avocats. Les documentalistes sont maintenant totalement intégrés dans les réflexions des cabinets sur les problématiques de Knowledge Management et il est fréquent qu’ils deviennent les assistants des Knowledge Managers. De la même manière, les documentalistes à qui les cabinets laissent un peu d’autonomie informatique deviennent souvent les webmestres des intranets de ces cabinets.
Les cabinets qui n’ont pas encore pris la mesure de ce que peuvent leur apporter les outils d’aujourd’hui et l’organisation qui va avec doivent se dépêcher de rattraper leur retard s’ils souhaitent rester compétitifs...