Alexandre Menais, Directeur juridique Accenture

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Aexandre Menais, Directeur juridique, AccentureLe Monde du Droit a rencontré Alexandre Menais, Directeur juridique d'Accenture. Selon lui, "la profession de juriste d’entreprise manque d’un statut et il faut parvenir enfin à créer une véritable grande profession du droit qui enrichira la matière, ses acteurs et renforcera le poids des barreaux français."

Alexandre Menais pouvez vous vous présenter ?

J’ai 39 ans, je suis titulaire d’un DEA en droit privé de l’Université de Strasbourg, du CAPA et d’un executive MBA à HEC. J’ai commencé ma carrière en cabinet d’avocats de 1995 à 1997 où j’ai exercé dans le domaine des marchés publics. J’ai ensuite été responsable juridique nouvelles technologies au sein du Crédit Mutuel-CIC.

Ensuite j’ai rejoint le cabinet d’avocats Lovells (désormais Hogan Lovells)  au sein du département IP/IT, à Paris puis à Londres.

En 2003, je suis devenu directeur juridique du groupe Xerox en France. Trois ans plus tard, eBay est venu me chercher pour que je devienne leur nouveau directeur juridique pour la France.

En Mars 2008, j’ai été promu directeur juridique Europe d’eBay international.

En novembre 2009, j’ai souhaité rejoindre Accenture où je coordonne les équipes  juridiques France-Benelux, je suis aussi membre du comité de direction. Je suis administrateur du Cercle Montesquieu où je préside la commission économie numérique et Internet. Je suis par ailleurs Vice Président de l’AFDIT, membre du bureau de la Commission droit et entreprise des anciens d’HEC et administrateur de la revue juridique Juriscom.net.

Enfin je suis  intervenant à l’EDHEC Business School (Msc Legal and Tax Management) et membre de l’Advisory board of LegalEdhec, Edhec Business School et j’interviens depuis cette année au sein du MBA Shanghai d’HEC.

Comment  s’organise la direction juridique d’Accenture ?

La direction juridique est organisée par « operating group » (secteur d’activité). Il y en a cinq (Ressources, Services financiers, Produits, Communication & Hautes technologies et Santé & Service Public). Au total, en France, l’équipe est composée de plus d’une vingtaine de juristes (sur 5000 salariés pour la filiale française). Ce sont soit des juristes spécialistes ou soit transactionnels qui s’occupent des contrats.

Les problématiques traitées par les juristes Accenture ont  quelque peu évolué avec le temps. Cette modification est liée au modèle d’Accenture, passé du consulting pur à l’intégration de système puis aux prestations d’outsourcing. Nous avions historiquement un mixte de profils d’ex-avocats et junior entreprise mais j’ai souhaité que l’équipe se diversifie et surtout recrute des talents seniors  avec des juristes expérimentés issus du monde de l’entreprise.

Comment  fonctionne votre direction juridique ?

Je suis rattaché hiérarchiquement à la directrice Europe, Afrique et Amérique Latine d’Accenture.

Je suis membre du Comité de direction pour la France et aussi du comité de direction France-Benelux ; j’ai donc un lien avec Christian Nibourel, Président d’Accenture France Benelux.

La culture juridique est très présente chez Accenture eu égard à l’historique de l’entreprise mais aussi sa cotation aux NYSE. Par ailleurs la caractéristique très internationale et  globale d’Accenture, permet aux juristes d’être présents et déterminants dans les engagements de l’entreprise. En revanche, il y a comme dans beaucoup d’entreprises un aspect très schizophrénique de la profession, où il faut concilier un côté partenaire et facilitateur de business et gardien de la compliance.

Dites nous un mot sur le débat qui anime toute la profession juridique, le fameux  rapprochement des professions !

Il y a dans le rapprochement plusieurs débats et c’est peut être la première des difficultés qui rend le sujet peu lisible et qui explique peut être la raison pour laquelle il ne peut pas y avoir d’union entre les différents protagonistes notamment du côté des juristes d’entreprise. Pour retenir dans le débat des choses simples, prenons l’absence de confidentialité des avis. Il faut noter que c’est un inconvénient avant tout majeur pour les entreprises en France et aussi pour l’attractivité de la France. En effet, les notes et opinions des juristes peuvent être saisies et utilisées à l’encontre de la société dans le cadre de procédures judiciaires. Les juristes français sont ainsi désavantagés par rapport à leurs homologues étrangers qui ont pour la plupart le statut d’avocat et qui bénéficient de la confidentialité des avis qu’ils émettent (legal privilege). Ainsi si l’on prend un groupe comme Accenture nous avons en France un désavantage par rapport à nos homologues étrangers alors même que nous sommes  dans la même société !

Que faut-il  faire alors ?

Au-delà des considérations techniques comme celle que je viens d’évoquer, la profession de juriste d’entreprise manque d’un statut et il faut parvenir enfin à créer une véritable grande profession du droit qui enrichira la matière, ses acteurs et renforcera le poids des barreaux français.

On évoque du côté des employeurs une résistance eu égard à l’indépendance qu’aurait l’avocat en entreprise. Qu'en pensez-vous ?

Je ne me situe pas dans les moyens mais avant tout dans les objectifs. Toutes les forces concernées par ce sujet ont déjà beaucoup réfléchi aux solutions. Il nous faut du volontarisme politique et non plus une recherche par principe de consensus et ce de part et d’autre.

 

Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER


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