Explosion des fusions-acquisitions sur le marché IT français

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Explosion des fusions-acquisitions sur le marché IT français - baromètre APM 2013.

 EXPLOSION DES FUSIONS-ACQUISITIONS SUR LE MARCHE FRANCAIS

DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION(*)

analyse APM dans l’édition 2013 de son Baromètre IT annuel.

  • En 2013, doublement du volume en chiffre d’affaires des acquisitions effectuées en France dans le secteur IT avec 2,1 Milliards d’euros – une année record depuis plus de 15 ans ; 
  • Une croissance de 19 % du nombre de rachats de sociétés françaises de logiciels et services informatiques avec 126 opérations ; 
  • Le volume en chiffre d’affaires des acquisitions opérées par les Français à l’international marque, quant à lui, une grande stabilité à 566 M€. 

Sur un marché IT dont la croissance est en berne (-0,3 % en 2013, source : Syntec Numérique), les acteurs des technologies de l’information se sont montrés particulièrement actifs en 2013, constate APM dans la dernière édition de son Baromètre IT annuel. Dénombrant et analysant chaque année depuis 17 ans les opérations de fusions-acquisitions du secteur en France et à l’étranger, le Baromètre IT fait apparaître qu’en 2013, le marché des fusions-acquisitions s’est avéré explosif.


Avec 2,1 Milliard €, le volume du chiffre d’affaires des acquisitions effectuées dans le secteur des technologies de l’information en France progresse de 90 %, en comparaison du montant de 1,1 Milliard € de 2012.


"L’année 2013, qui a enregistré 126 opérations de rachat de sociétés françaises, constitue tout simplement, hors «méga-deal», l’année record en volume de chiffre d’affaires depuis la mise en place du baromètre. Elle illustre parfaitement la tendance de fond du secteur IT à la consolidation. Avec la diminution des incertitudes macro-économiques, le mouvement a pris une ampleur inédite et se renforcera encore dans les années à venir", pronostique Pierre-Yves Dargaud, président d’APM et auteur du Baromètre IT.


DANS L’HEXAGONE, UNE HAUSSE SPECTACULAIRE DU VOLUME DE CHIFFRE D’AFFAIRES DES OPERATIONS


En France, 1 383 M€ du chiffre d’affaires total des acquisitions a été réalisé par des acheteurs français et 703 M€ par les acheteurs étrangers.
Le millésime 2013 compte, pour la première fois depuis six ans, un « méga deal » dans l’hexagone avec le rachat d’Osiatis par Econocom et se distingue par des opérations marquantes telles que le rachat :

  • d’Euriware par Cap Gemini, 
  • d’Alti par l’indien Tata,
  • de HR Access par Sopra
  • de Neolane par Adobe. 


Le chiffre d’affaires moyen de la cible acquise ressort à 16,5 M€, en forte augmentation (+59 %) par rapport aux 10,4 M€ de 2012. Cette croissance témoigne de la montée en puissance des opérations portant sur les cibles du midmarket pesant plus de quelques dizaines de millions de chiffre d’affaires unitaire. Ce chiffre global masque une disparité sectorielle cohérente avec les métiers des cibles: 24 M€ pour les ESN (Entreprises de Services Numériques, anciennement SSII) et 8 M€ pour les éditeurs de logiciels.


Explosion du volume de chiffre d’affaires pour les ESN et nouvelle progression dans le logiciel


Ce sont bien les ESN qui tirent la croissance du volume global avec 1 653 millions d’euros, un chiffre record, en hausse de 106 %. Ainsi, effaçant la baisse passagère observée l’année précédente, l’exercice 2013 dépasse également le niveau enregistré en 2005, année du dernier « big deal » dans le secteur des ESN avec le rachat d’Unilog par Logica. Le millésime a porté sur 70 cessions d’ESN contre 64 lors de l’année précédente.


Après un léger fléchissement en 2012 (42 opérations pour un chiffre d’affaires de 298 M€), le secteur du logiciel, connaît une hausse très marquée de +45 % du volume de chiffre d’affaires avec 433 M€ pour un nombre record de 56 cessions. Le marché a fait preuve d’une très bonne dynamique avec un tiers des volumes acquis par des acteurs anglo-saxons.


Les fonds d’investissement toujours prudents


Après une percée remarquée des opérations réalisées par des fonds d’investissement en 2011 (17 transactions, CA = 409 M€), suivi d’un effondrement en 2012 (7 opérations, CA= 172 M€), le millésime 2013 amorce une reprise timide avec 14 opérations pour un volume de chiffre d’affaires cumulé égal à 293 M€. Malgré la prise de contrôle de Nexeya, un spécialiste en informatique industrielle et technique réalisant un chiffre d’affaires de 130 M€, par les fonds Activa et BPI, le segment du capital-transmission ne pèse que 14 % du chiffre d’affaires total (contre 27 % en 2011) et témoigne d’une prudence persistante des financiers vis-à-vis du secteur.


Les acheteurs étrangers signent leur grand retour


Avec 703 M€ pour 23 opérations (contre 252 M€ et 16 opérations en 2012), l’exercice 2013 marque le retour des acquéreurs étrangers sur les cibles françaises à travers les opérations cross border.

L’acquisition d’Osiatis par le belge Econocom contribue bien évidemment à imprimer la tendance mais l’un des faits marquants de l’année 2013 est l’arrivée en fanfare des ESN indiennes qui ont successivement avalé Alti (membre du top 30 français), acquis par le groupe Tata, puis Equinox Consulting, un leader du conseil dans le monde de la banque, racheté par Cognizant.

L’autre évènement phare de l’année 2013 concerne le rachat, à un niveau de prix stratosphérique, de l’éditeur en mode Saas Neolane, spécialisé dans le marketing multicanal, par Adobe, confirmant l’attraction des anglo-saxons pour les plus belles pépites françaises.


ACQUISITIONS FRANCAISES A l’ETRANGER : UNE GRANDE STABILITE


Le millésime 2013 marque une stabilité du nombre des opérations, qui passe de 35 en 2012 à 33. On notera un regain d’intérêt pour l’acquisition d’ESN étrangères (+30 % en volume de CA) et un repli du côté des éditeurs (-26 %).

Cette stabilité globale est due à l’absence de grosses opérations comme celles effectuées lors des dernières années par Akka Technologies avec le rachat en 2011 de l’allemand MB Tech, ou les acquisitions marquantes en 2010 de Siemens IT Solutions par Atos et de CPM Braxis au Brésil par Cap Gemini.

L’année 2013 n’aura, comme en 2012, pas vu se concrétiser d’opération de taille exceptionnelle et la seule acquisition ressortant du lot restera celle, réalisée par le groupe Altran, d’Industrie Hansa, une ESN allemande dont les revenus étaient de 161 M€.

Les éditeurs français sont restés globalement assez sages dans leur politique d’expansion internationale et seule Dassault Systèmes s’est, une fois de plus, distinguée avec cinq acquisitions hors des frontières, aux USA, UK et surtout en Allemagne avec notamment le rachat de Realtime Technology (CA=75 M€).

« 2013 témoigne d’une certaine prudence des grands acteurs français à l’international. Après les prises de position majeures au cours des années 2007-2010 en Inde avec les rachats de Kanbay et Xansa ou en Amérique du Sud avec CPM Braxis au Brésil, les ESN privilégient depuis lors l’Europe et en particulier l’Allemagne. En effet, les rachats successifs de MB Tech, Siemens IT et Industrie Hansa témoignent de cette tendance des Français s’offrant ainsi un accès privilégié aux grands donneurs d’ordre industriels allemands » commente Pierre-Yves Dargaud.


UNE DYNAMIQUE PLUS QUE JAMAIS STRUCTURELLEMENT ORIENTEE A LA HAUSSE


Les mouvements d’acquisition ont connu une formidable hausse en 2013. Et le nombre d’opérations, très au-dessus de la moyenne annuelle constatée sur longue période, témoigne d’une activité toujours soutenue confirmant, malgré une situation macro-économique encore pleine d’incertitudes en Europe, la tendance de fond à la multiplication des fusions-acquisitions dans le secteur des logiciels et des services.


Trois facteurs d’amplification des opérations de fusions-acquisitions

Sur un marché à la fois en phase de maturité et néanmoins encore très fragmenté, l’auteur du Baromètre IT estime que, structurellement, le flux d’acquisitions va s’amplifier et ce pour trois raisons principales :

1) de nombreux prédateurs à l’appétit accru

- Un nombre important d’acteurs animent le marché :les acteurs français spécialisés qui souhaitent renforcer leur spécificité sectorielle et technologique, ou globaux qui doivent sans cesse assurer l’élargissement et l’industrialisation de leurs offres ;

- les acteurs étrangers, notamment les challengers indiens et les grands éditeurs américains ;

- les acteurs provenant d’autres métiers et souhaitant développer des synergies métiers comme les opérateurs télécoms, les constructeurs, les sociétés d’intérim ;

- les fonds de capital-transmission, attirés, notamment dans le secteur des logiciels, par des perspectives de croissance positives dans des marchés qui consolident et par des multiples de sortie parfois spectaculaires.

2) une concentration de l'offre accélérée par les attentes des grands clients

Les clients deviennent globaux et instaurent politiques tarifaires toujours plus dures et logique de référencement. Cette démarche visant à réduire le nombre de leurs fournisseurs contribue à l'accélération de la consolidation du marché. Les ESN doivent pouvoir répondre à une demande de plus en plus complexe et avoir une couverture géographique plus étendue. Pour les éditeurs de logiciels, les grands clients ont décidé de concentrer leurs achats sur un nombre limité de fournisseurs par grand domaine d’application.

3) des capacités d’investissement intactes

A l’heure des bilans 2013 et malgré la mollesse du marché, les dernières publications de résultats des grands acteurs des services informatiques et du logiciel montrent que les marges opérationnelles font bien mieux que résister.

Les bilans sont très sains et un grand nombre d’entre eux sont désormais capables de payer assez facilement leurs acquisitions compte tenu des réserves importantes de cash et d’un accès à du financement bon marché.


DES PERSPECTIVES FAVORABLES


L’exercice 2013 est un grand millésime pour le secteur IT et le niveau d’activité des professionnels des fusions-acquisitions a témoigné d’un retournement de marché illustrant parfaitement les facteurs d’amplification décrits ci-dessus.

« La dynamique de croissance des fusions-acquisitions du secteur s’est illustrée de façon spectaculaire en 2013 et ne faiblira pas dans les années qui viennent » pronostique Pierre-Yves Dargaud, « les acteurs de toutes tailles et de tous métiers sont confrontés à une croissance organique durablement ralentie en Europe, ils favoriseront donc naturellement la croissance externe pour poursuivre leur développement»

(*) ESN** et éditeurs de logiciel

(**) ESN : nouvelle dénomination des SSII


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