Entretien avec Charles Deydier, directeur juridique du groupe Boiron, à Lyon.
Dans le secteur de la santé et de la pharmacie comme ailleurs, le juriste d’entreprise est devenu bien plus qu’un simple juriste. Loin des clichés d’autrefois, il intervient à de nombreux niveaux de l’entreprise, et joue pleinement son rôle d’animateur de projets.
En tant que Directeur juridique d’un grand groupe pharmaceutique, de quoi est fait votre quotidien ?
Dans mon métier, je suis à la croisée de très nombreuses problématiques. En effet les dossiers sont transverses, faits de multiples aspects, juridiques certes, mais aussi comptables, sociaux, fiscaux, réglementaires, pharmaceutiques, etc.
Le Directeur juridique moderne se trouve véritablement à la croisée des chemins et de ces domaines. Il joue souvent le rôle de contributeur ou animateur, voire de chef de projets, interpellé sur des questions très larges. C’est cette dimension pluri-compétences qui fait que nous ne travaillons plus seuls dans notre coin, mais bien en contact direct avec toutes les autres composantes de l’entreprise.
Nous sortons de notre domaine strictement juridique et prenons part à l’activité globale des entreprises.
Plus précisément, le secteur de la santé rend-il votre métier très spécifique ?
Cela donne nécessairement une forte coloration à notre métier. Notamment parce que le secteur pharmaceutique est extrêmement réglementé. Nous travaillons sur la fabrication et la vente de médicaments, nous touchons au domaine de la santé publique, avec une présence importante des organismes de tutelle. Cet environnement très particulier est à prendre en compte dans notre manière de travailler et d’appréhender les problématiques. Travailler dans la santé est valorisant et intellectuellement passionnant. D’autant que notre groupe est marqué par une forte culture d’entreprise, culture familiale historique, qui donne encore davantage de sens à nos actions.
Qu’est-ce que cela implique, cette culture d’entreprise très marquée ?
Cela joue beaucoup au niveau du recrutement. Lorsque nous intégrons de nouveaux juristes dans notre équipe, au-delà des compétences techniques pures, nous sommes extrêmement attentifs à la personnalité du candidat. Nous nous demandons s’il sera capable de s’intégrer dans cette culture. Du reste, nous cherchons des juristes ayant connu une première expérience professionnelle tant en entreprise qu’en cabinet.
Etes-vous sensible au débat sur la confidentialité des juristes ?
Bien entendu. Nous sommes amenés à avoir connaissance de beaucoup d’informations, et la confidentialité est un élément tout à fait essentiel. Le juriste est dans une position délicate dans la mesure où ses écrits peuvent se retourner contre son entreprise. Nous devons l’intégrer dans la manière dont nous rendons nos avis. Dans le futur, il serait souhaitable que les juristes d’entreprise puissent bénéficier de la confidentialité de leurs écrits sans doute par un rapprochement avec la profession d’avocat comme cela est le cas dans d’autres pays.
Propos recueillis par Emmanuel Bonzé
Quelques mots sur Charles Deydier
Après des études de Droit et l’obtention du diplôme de Sciences Po, Charles Deydier entame sa carrière en 1985 dans un groupe pharmaceutique, à Paris. Après un passage par une holding française d’un groupe industriel italien spécialisé dans la réfrigération commerciale, le chauffage et l’électroménager, il rejoint en 1995 les laboratoires Boiron à Lyon, dont il est le Directeur juridique.
A propos
Cet article provient du numéro 19 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial s'intéresse à l'intelligence économique.
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