Après un premier semestre en recul, l’activité des fusions-acquisitions retrouve ses niveaux pré-pandémiques

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L’activité de fusions-acquisitions a diminué de -20% en volume et valeur par rapport au record de 2021, les vents contraires de l'économie ayant freiné les transactions au cours du premier semestre de 2022. Toutefois, l'activité est revenue à des niveaux élevés comparables à ceux de 2019 et les transactions devraient jouer un rôle important dans les stratégies de croissance et de transformation des entreprises au cours des six prochains mois. C’est ce que révèle l’étude Global M&A Industry Trends : 2022 Mid-Year Update du cabinet de conseil et d’audit PwC. Cette étude, réalisée sur les transactions dans le monde entier sur le 1er semestre 2022, identifie les grandes tendances du marché des fusions-acquisitions dans six secteurs : biens de consommation, énergie, services collectifs et ressources, services financiers, industries de la santé, manufacturière et automobile, technologies, médias & télécommunications.

« Ce n’est pas le moment de rester sur la touche, au contraire il faut revisiter - si ce n’est réinitialiser - sa stratégie M&A. L’année 2022 permettra de faire émerger les champions de demain, ceux qui auront osé exécuter leur stratégie M&A avec courage et réussi à aller au-delà des contraintes de marché actuelles » souligne Stéphane Salustro, Associé responsable des activités Deals chez PwC France et Maghreb.

Les fondamentaux ayant conduit au record enregistré sur le marché des fusions-acquisitions en 2021 sont toujours présents au premier semestre de 2022, et devraient continuer à porter l’activité du second semestre 2022 : la résilience de la chaîne d'approvisionnement, l'optimisation des portefeuilles, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et, surtout, la nécessité de numériser les modèles économiques via la technologie, Cependant face à une conjoncture économique incertaine, il faudra désormais accorder une attention particulière à la manière dont les transactions sont réalisées.

Avec une inflation à son plus haut niveau depuis 40 ans dans de nombreux pays, les opérateurs devront aborder les travaux de due diligence sous un autre angle. Il s’agira de prévoir différents scénarios d'inflation et d’envisager les conséquences sur les parts de marché, l'élasticité-prix, les relations avec les clients et les fournisseurs, ainsi que sur la rémunération et la rétention des collaborateurs.

Le sujet des ressources humaines devra aussi être traité avec attention lors de chaque transaction, afin de gérer au mieux les risques potentiels liés aux fortes inflations des salaires (niveau record depuis des décennies), au phénomène de la "grande démission", aux pénuries de compétences et à l'attention accrue des parties prenantes pour la diversité et l'inclusion des effectifs.

La baisse des valorisations devrait permettre aux entreprises et aux opérateurs en private equity de générer des rendements solides dans le marché volatil actuel. La diminution des valorisations boursières stimule déjà l'activité de fusions-acquisitions, les transactions Public-To-Private ayant augmenté de plus de 50 % en 2022 par rapport à l'année précédente.

Tendances des fusions-acquisitions au premier semestre 2022

Bien que l'activité de fusions-acquisitions ait ralenti au premier semestre de 2022, elle n'a fait que revenir aux niveaux pré-pandémiques, qui s'établissaient en moyenne à environ 25 000 transactions par semestre.

Ce phénomène a pu être observé dans toutes les grandes régions du monde. L’Asie-Pacifique a affiché les plus fortes baisses, le volume et la valeur des transactions étant tous deux inférieurs de plus de 30 % au pic de 2021, en grande partie à cause des vents contraires macroéconomiques et des récentes restrictions liées à la pandémie imposées dans plusieurs grandes villes chinoises.

La valeur des fusions-acquisitions est également retombée à un niveau équivalent à celui pré-crise sanitaire. La valeur des transactions au premier semestre de 2022, avoisinant 2 000 milliards de dollars, représente près du double de celle enregistrée au premier semestre de 2020, période où la conjoncture économique présentait également de grandes incertitudes. Le nombre total de mega deals dans le monde (transactions d'une valeur supérieure à cinq milliards de dollars) a diminué d'un tiers. Des transactions importantes ont toutefois eu lieu au premier semestre de 2022. En fait, quatre opérations d'une valeur supérieure à 50 milliards de dollars ont été conclues, contre une seule pour toute l'année 2021.

Les transactions concernent de plus en plus le private equity, tant en termes de volume que de valeur

L’essor continu des fonds d’investissements (private equity) en a fait un moteur du marché des fusions-acquisitions. La puissance de feu des fonds d’investissement (dry powder) a atteint le chiffre record de 2 300 milliards de dollars en juin 2022, soit un triplement sur les 10 dernières années. Cette croissance des fonds explique pourquoi la part du private equity dans les fusions-acquisitions est passée d'environ un tiers de la valeur totale des transactions il y a cinq ans à près de la moitié aujourd'hui.

Le private equity a aussi alimenté la croissance du marché de la dette privé au cours des dernières années. Les capitaux privés destinés au financement des opérations dépassent désormais les sources de prêt traditionnelles.

Tendances des fusions-acquisitions sous un angle sectoriel

Les facteurs et tendances macroéconomiques actuels ont des répercussions sur la conclusion de marchés dans les différents secteurs :

  • Technologies, médias et télécommunications :l'adoption numérique des nouvelles technologies reste une priorité – ce qui maintient le secteur en tête des investissements en fusions-acquisitions, représentant plus d'un quart du volume des transactions et un tiers de leur valeur au premier semestre 2022. La demande technologique devrait créer des opportunités de fusions-acquisitions dans le domaine des logiciels et des technologies d'infrastructure (tels que la 5G, les centres de données, le métavers et ses technologies associées) au second semestre 2022.
  • Services financiers :conjugué à la pression constante exercée par les régulateurs et aux perturbations causées par les plateformes et les fintechs, le besoin du secteur en capacités numériques signifie que les fusions-acquisitions continueront d'être un moteur de la transformation. Ceci explique également pourquoi ce secteur se place en deuxième position après celui des technologies, médias et télécommunications en termes d'investissements dans les fusions-acquisitions, représentant près d'un quart de la valeur des transactions au cours du premier semestre 2022. L’attention continue portée à la technologie, la demande croissante d'options d'investissement durables et la baisse des valorisations maintiendront l'activité de fusions-acquisitions à un niveau élevé au cours du second semestre.

  • Marchés de consommation :l'activité de fusions-acquisitions dans ce secteur sera, pour les six prochains mois, étroitement liée aux effets des perspectives économiques incertaines sur la confiance et les dépenses des consommateurs. L’évolution des préférences de ces derniers continuera de créer des opportunités de fusions-acquisitions, les entreprises cherchant à transformer leurs modèles économiques et à se repositionner pour assurer leur croissance future.
  • Industrie manufacturière et automobile : le fait de maintenir l’accent sur la technologie et la numérisation des modèles économiques, ainsi que d’investir dans les chaînes d'approvisionnement et la main-d'œuvre créera des opportunités de fusions-acquisitions dans l’industrie manufacturière et automobile.
  • Énergie, services collectifs et ressources :l'accélération continue de la transition énergétique et l'attention croissante portée à la sécurité de la chaîne d'approvisionnement stimuleront les fusions-acquisitions dans les domaines des minéraux essentiels et de l'approvisionnement énergétique à l’échelle nationale au cours du second semestre 2022.
  • Secteur de la santé :la forte demande en biotechnologies et nouvelles technologies novatrices, telles que l'ARNm, la thérapie génique et le potentiel offert par la télésanté, suscitent l'intérêt des investisseurs. Afin d’atteindre leurs objectifs de croissance externe, les grandes entreprises pharmaceutiques s’engageront probablement dans un plus grand nombre de petites transactions dans le but d’éviter l'examen des organismes de réglementation et la complexité réglementaire que les grandes transactions peuvent entraîner.

« Nous constatons que l’optimisation du portefeuille d’activités est de plus en plus au cœur de l'agenda des dirigeants. Les opérations de M&A permettent ainsi de céder des activités en vue de libérer du capital, et de le réinvestir dans l’acquisition de nouvelles compétences et dans la transformation du cœur de leurs business models. » conclut Stéphane Salustro, Associé responsable des activités Deals de PwC France et Maghreb.


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