Les avocates davantage victimes de discriminations dans le cadre de l'exercice de leur profession

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Selon l'enquête réalisée par le Défenseur des Droits et la FNUJA, plus d'une avocate sur deux indique avoir été victime de discriminations au cours des cinq dernières années.

À la demande de la Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats (FNUJA), le Défenseur des droits a réalisé une enquête pour caractériser les conditions de travail des avocats en France aujourd’hui (conditions matérielles, perception des relations de travail) et analyser sous quelles formes et selon quelle fréquence se manifestent les situations de discriminations dont les avocats peuvent faire l’expérience.

L'enquête « Conditions de travail et expériences des discriminations dans la profession d’avocat en France », présentée par Jacques Toubon, Défenseur des Droits le 2 mai 2018,  a été conduite par internet auprès d’un échantillon de 44.458 avocats et a recueilli 7.138 réponses. Elle révèle que les femmes avocates rapportent plus souvent que leurs confrères, et plus souvent que dans d’autres professions, avoir vu leur travail ou leurs compétences non reconnus, dévalorisés. Ainsi 53 % des femmes interrogées contre 21 % des hommes ont déclaré avoir été victimes de discrimination dans les cinq dernières années.

Quelles que soient les caractéristiques sociales examinées, les avocates déclarent toujours plus souvent avoir été confrontées à des expériences de discriminations que les avocats. Ces expériences apparaissent pour elles particulièrement fréquentes à l’âge de la parentalité (63,8 % chez les 30-39 ans), que celle-ci soit ou non effective.

« On peut s'étonner que dans une profession fortement féminisée, il y ait des situations de discrimination aussi importantes que ce que montre l'étude. Mais la féminisation d'une profession socialement valorisée s'accompagne de réactions de protection de la part des hommes », a affirmé Jacques Toubon.

L'âge, le sexe et la maternité, principaux motifs de discrimination

L'âge, le sexe et la maternité sont les principaux motifs de discrimination. 
Le motif de discrimination, pour les femmes, le plus fréquent, est leur sexe même : 39,3 % d’entre elles rapportent avoir été confrontées à un traitement défavorable ou une discrimination au motif de leur sexe dans l’exercice de leur métier, dans les cinq dernières années. À ces situations défavorables vient s’ajouter un autre motif de discrimination qui concerne les seules femmes : la maternité entraîne pour 19,7 % d’entre elles des comportements discriminatoires à leur encontre dans leur travail, et plus d’une femme sur deux est concernée, parmi celles qui ont un enfant de moins de 5 ans.

Discriminations de revenus

En outre, 36,9 % seulement des associés sont des associées, alors que les avocates constituent 54 % des répondants de l’enquête Avocats. Les femmes, moins souvent associées que les hommes, sont ainsi désavantagées dans l’accès aux revenus les plus élevés.
Le fait d'être une femme augmente de 40 % la probabilité de percevoir un revenu annuel inférieur à 17.500 euros, la tranche la plus basse. Et au contraire, le fait d'être une femme diminue de 60 % la probabilité de se trouver dans la tranche la plus élevée (plus de 152.041 euros).

Arnaud Dumourier (@adumourier)


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