Le caractère humiliant et dégradant de l'article intitulé "Obono l’Africaine" dans lequel la députée LFI est dépeinte en esclave, accompagné d'une illustration la montrant enchaînée, ne peut être justifié par la satire, le caractère fictionnel des propos ou par les débats actuels sur la "racialisation" : la gravité de cet acte est sans commune mesure avec la nature des débats engagés, parfois avec virulence, dans la sphère politique.
Le directeur de la publication du magazine Valeurs actuelles a été cité à comparaître pour injure publique envers un particulier à raison de son origine, en raison de la publication d'un article intitulé "Obono l'Africaine" et d'une illustration représentant la députée Danièle Obono en esclave enchaînée au cou. Le rédacteur du texte a été cité pour complicité de ce même délit.
La cour d'appel de Paris a déclaré les prévenus coupables du chef d'injure publique envers un particulier à raison de sa race.
Les juges du fond ont retenu que les propos litigieux s'inscrivaient dans le cadre d'une série d'histoires intitulée "Le roman de l'été 2020", plaçant des personnes ayant existé ou existantes, dans une autre époque. Dans l'épisode consacré à Danièle Obono, l'intéressée était transportée au XVIIIème siècle et subissait l'esclavage intra-africain et arabe, l'article étant illustré d'un dessin la représentant enchaînée.
Les juges ont relevé que la députée avait été choisie comme personnage central de cette fiction en raison de ses origines africaines, pour rendre le récit "plus crédible" selon les propres déclarations de l'auteur de l'article, et qu'il se dégageait du texte, qui insiste sur l'"africanité" de celle-ci, un grand mépris pour sa personne, qui se retrouvait placée dans une succession de situations humiliantes, tant au regard de sa vie imaginée en Afrique, que de la situation d'esclave qui lui était attribuée, mais également au regard d'appréciations sur son âge, son physique et son inculture, et qu'il en était de même de l'image dégradante la présentant enchaînée. Ils ont ajouté que si les autres épisodes plaçaient les personnages dans des situations humoristiques ou flatteuses, seul ce personnage-ci se retrouvait dans une succession de situations humiliantes, traitées de façon particulièrement réaliste.
Pour juger que les propos poursuivis (...)