Paris

18.7°C
Clear Sky Humidity: 52%
Wind: NNE at 2.24 M/S

CJUE : juges délégués par le ministre de la Justice dans des juridictions pénales supérieures

Est contraire au droit de l’Union le régime en vigueur en Pologne permettant au ministre de la Justice de déléguer des juges dans des juridictions pénales supérieures, délégation à laquelle ce ministre, qui est en même temps le procureur général, peut à tout moment mettre fin sans motivation (risque de contrôle politique du contenu des décisions judiciaires, notamment dans le domaine pénal).

Dans un arrêt du 16 novembre 2021 (affaires jointes C-748/19 à C-754/19), la Cour de justice de l'Union européenne précise que sont contraires au droit de l'UE des dispositions nationales selon lesquelles le ministre de la Justice d’un Etat membre peut, sur le fondement de critères qui ne sont pas rendus publics, d’une part, déléguer un juge auprès d’une juridiction pénale de degré supérieur pour une durée déterminée ou indéterminée et, d’autre part, à tout moment et par une décision qui n’est pas motivée, révoquer cette délégation, indépendamment de la durée déterminée ou indéterminée de ladite délégation.

La Cour souligne que, si le fait que le ministre de la Justice ne peut déléguer des juges qu’avec le consentement de ceux-ci constitue une sauvegarde procédurale importante, il existe toutefois une série d’éléments qui, selon la juridiction de renvoi, habilitent ce ministre à influencer ces juges et peuvent faire naître des doutes concernant leur indépendance.

La Cour énonce tout d’abord que, afin d’éviter l’arbitraire et le risque de manipulation, la décision relative à la délégation d’un juge et celle y mettant fin doivent être prises sur le fondement de critères connus à l’avance et être dûment motivées.
En outre, la révocation de la délégation d’un juge sans son consentement pouvant emporter pour ce dernier des effets analogues à ceux d’une sanction disciplinaire, une telle mesure devrait pouvoir être contestée en justice conformément à une procédure garantissant pleinement les droits de la défense.

Ensuite, relevant que le ministre de la Justice occupe également la fonction de procureur général, la Cour constate qu’il dispose ainsi, dans une affaire pénale donnée, d’un pouvoir s’exerçant à la fois sur le procureur de droit commun et sur les juges délégués, ce qui est de nature à susciter des doutes légitimes dans l’esprit des justiciables quant à (...)

Cet article est réservé aux abonné(e)s LegalNews
Vous êtes abonné(e) ?
Identifiez-vous
Vous n'êtes pas abonné(e) à LegalNews
Découvrez nos formules d'abonnement
Image

Actualisé quotidiennement, le Monde du Droit est le magazine privilégié des décideurs juridiques. Interviews exclusives, les décryptages des meilleurs spécialistes, toute l’actualité des entreprises, des cabinets et des institutions, ainsi qu’une veille juridique complète dans différentes thématiques du droit. De nombreux services sont également proposés : annuaire des juristes d’affaires, partenariats de rubriques (affichez votre expertise sur Le Monde du Droit), création d’émissions TV diffusées sur 4Change (Interviews, talkshows, chroniques...), valorisation de vos différentes actions (deals, nominations, études, organisations d’événements, publication de contributions, récompenses, création de votre cabinet...)