Le Monde du Droit a interrogé John Fernandez, Associé Responsable de l’Innovation au sein de Dentons US et Global Chair de NextLaw Labs à propos de NextLaw Labs et de la stratégie digitale de Dentons. Selon lui, si les assistants virtuels contribueront certainement à réduire le nombre d’heures passées à effectuer des recherches juridiques, le travail juridique est trop complexe et subtil pour être entièrement automatisé
Qui décide de la stratégie digitale chez Dentons ?
Dentons compte un certain nombre de décideurs qui se concentrent sur la mise en place d’une stratégie à la fois innovante et visionnaire. Je suis en charge de NextLaw Labs. J'opère en tant que Responsable de l’Innovation au sein de Dentons US et en tant que Global Chair de NextLaw Labs.
Pourquoi avez-vous décidé de créer NextLaw Labs ?
La structure interne classique des cabinets d’avocats intègre rarement les process requis pour nourrir l’innovation. Ainsi les initiatives qui transforment la profession juridique viennent essentiellement d’entités qui ne sont pas des cabinets d’avocats. Il existe de formidables opportunités pour les cabinets les plus innovants, et de telles opportunités requièrent la mise en place de structures nouvelles et différentes. NextLaw Labs a été créé pour capitaliser sur cette opportunité.
Pouvez-vous nous présenter NextLaw Labs ?
NextLaw Labs est une plateforme d’innovation collaborative globale qui concentre ses activités sur le développement, le déploiement et l’investissement dans des nouvelles technologies et des process visant à transformer la pratique du droit à travers le monde. Notre structure est autonome, et détenue à 100% par Dentons grâce auquel nous disposons d’une présence - physique et virtuelle - dans la plupart des grands centres de technologies mondiaux. Dentons est notre premier partenaire et investisseur. Il nous sert de banc d’essai pour de nouveaux produits, services et idées ayant besoin d’être examinées, essayées et affinées.
Quels sont les objectifs de NextLaw Labs ?
La vision de notre entreprise est de réinventer la pratique du droit grâce à la technologie. Nous avons spécialement créé notre plateforme pour accélérer le développement de solutions d’innovations.
Craignez-vous la concurrence des Legal Tech notamment celle utilisant l'intelligence artificielle avec des assistants virtuels ?
Nous sommes passionnés par ce projet et nous réjouissons que d’autres acteurs partagent notre vision de la technologie. L’année passée a connu un progrès considérable dans le développement de l’Intelligence Artificielle, ce qui est encourageant pour nous car notre premier investissement de portefeuille a été effectué dans ROSS Intelligence – une startup prometteuse qui développe une application de recherche juridique appelée ROSS, fonctionnant sous IBM Watson et intégrant un système d’Intelligence Artificielle. Nous plaçons toute notre confiance dans ROSS Intelligence et avons pu constater un développement significatif de l’entreprise au cours des derniers mois.
Certaines études annoncent des suppressions importantes d'emplois dans les cabinets d'avocats avec l'apparition de ces "assistants virtuels", quel est votre point de vue ?
Les assistants virtuels contribueront certainement à réduire le nombre d’heures passées à effectuer des recherches juridiques ou des révisions de document, qui sont des tâches souvent longues et répétitives. Néanmoins, le travail juridique est trop complexe et subtil pour être entièrement automatisé. Il nécessitera toujours des professionnels avisés et créatifs capable d’interpréter le droit, établir des déductions et communiquer avec leurs clients.
Si vous observez d’autres industries ayant intégré des technologies d’optimisation du travail, vous constatez que cette intégration s’accompagne de créations d’emplois. En ce qui concerne l’industrie juridique, nous estimons avoir une longueur d’avance.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)
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