Michel Bénichou (CCBE) : "Nous intégrerons l'intelligence artificielle, la révolution blockchain et les robots-juristes"

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Michel Bénichou, Président du CCBELa Conférence du CCBE qui s'est tenue vendredi 21 octobre 2016 à Eurosites George V à Paris avait pour thème l'innovation et l'avenir de la profession d'avocat. A cette occasion, le Président du CCBE, Michel Bénichou, s'est montré confiant en l'avenir indiquant que les avocats européens allaient intégrer l'intelligence artificielle, la blockchain ou encore les robots-juristes.

Le Conseil des barreaux européens (CCBE) a organisé le 21 octobre 2016 une conférence sur "l’innovation et l’avenir de la profession d’avocat".

<< Nous étions aux côtés de Cicéron, nous plaiderons demain à côté ou devant des robots >>

"La justice et son évolution, notre profession et son approche des nouvelles technologies, constituent notre espoir. Nous avons un devoir d'anticipation.(...)" a affirmé Michel Bénichou, Président du CCBE.
Selon lui, les avocats européens vont "intégrer les nouvelles technologies dans le système judiciaire et la fourniture des services juridiques". Ils n'ont pas peur de ces bouleversements: "Cela ne nous effraie pas. Au cours de ma vie, on m'a annoncé plusieurs révolutions disruptives : avec le télex, puis le minitel (...), l'ordinateur, le smartphone. Nous intégrerons l'intelligence artificielle, la révolution blockchain, les robots-juristes, les plateformes de services ou de conseils. Nous étions aux côtés de Cicéron, nous plaiderons demain à côté ou devant des robots." 
Par ailleurs, le Président du CCBE, a interpellé le ministre de la Justice, invité du CCBE, : "(...)Vous avez une autre responsabilité. Il s'agit de maintenir de l'humain dans la justice. Pour des raisons budgétaires, on peut être tenté par ces justices online qui excluent juges et avocats. Toutefois, sans l'humain, il n'y a pas de justice" observant que "les nouvelles technologies sont ambivalentes dans la mesure où elles portent à la fois l'espoir de libérer l'homme de certaines contraintes et le risque de nouveaux modes d'asservissement. Le droit n'est pas une marchandise."

<< Aujourd'hui, plus que jamais, ce qui fait le professionnel du droit c'est le conseil >>urvoas CCBE2016

Evoquant les nouveaux services juridiques en ligne, Jean-Jacques Urvoas, a affirmé que "le terme de révolution n'est pas galvaudé".
Ces nouveaux services "reposent sur deux piliers qui vont être à la fois des accélérateurs de changements mais aussi des potentialités de progrès considérables : la circulation de l'information et l'intelligence artificielle."
L'ambition pour le garde des Sceaux est de transformer la justice en la rendant plus simple, plus moderne et plus accessible : "Nous voulons pour le justiciable une meilleure défense et donc une meilleur accessibilité au droit parce que cela veut une dire une meilleure accessibilité à la justice"Par ailleurs, il a fait observer que la donnée juridique est de plus en plus accessible sous l'impulsion de l'Etat et que cela participe à la transformation du métier d'avocat qui devra se concentrer de plus en plus sur sa valeur ajoutée, le conseil : "Dans votre métier, l'open data des décisions de justice va évidemment changer beaucoup de choses dans votre métier d'avocat. L'accès à l'information est devenu une telle évidence que l'avocat ne pourra plus facturer au client une simple information sur l'état du droit. Il faudra de plus en plus asseoir votre fonctionnement sur votre plus-value. Quelle est la plus-value de l'avocat ? Sélectionner l'information pertinente et surtout analyser, dans l'intérêt du client, au regard de cette information la façon dont ce point peut être avantageusement avancé. Autrement dit, aujourd'hui, plus que jamais, ce qui fait le professionnel du droit c'est le conseil".

<< Nous ne vous avons pas suffisamment compris ou nous n'avons pas suffisamment compris qu'il était nécessaire de vous accompagner dans l'originalité de votre démarche innovante et qu'il était nécessaire, indispensable d'adapter la déontologie aux temps présents sans pour autant nous renier >>

En clôture de la table-ronde sur "l'avenir des services juridiques", faisant suite à une interrogation de la salle demandant pourquoi Pierre Aidan (co-fondateur de Legalstart, ancien avocat) ne pouvait pas créer son activité en restant avocat, Yves Mahiu, Président de la Conférence des bâtonniers, a répondu que cela provenait peut-être d'un manque de compréhension entre les ordres et la legal start-up et qu'il fallait adapter la déontologie : "parce que peut-être que nous nous sommes pas compris. Nous les ordres et vous les jeunes avocats plein d'avenir et d'imagination. Peut-être que vous n'avez pas compris que la déontologie, qui est la marque de fabrique de la profession d'avocat, avec le prix qu'elle attache à notre indépendance, le prix qu'elle attache à la préservation de notre secret professionnel, le prix qu'elle attache à la prévention de tout conflit d'intérêts, n'est pas un frein mais un argument économique fort. Mais il est vrai que la déontologie peut s'avérer être aussi une contrainte. Peut-être que nous, les responsables d'ordres d'avocats, nous ne vous avons pas suffisamment compris ou nous n'avons pas suffisamment compris qu'il était nécessaire de vous accompagner dans l'originalité de votre démarche innovante et qu'il était nécessaire, indispensable, d'adapter la déontologie aux temps présents sans pour autant nous renier."

CCBE mahiu aidan

Arnaud Dumourier (@adumourier)


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