Le Monde du Droit a interviewé Isabelle Robert-Védie, ayant récemment rejoint le cabinet Simon Associés en tant qu'associée avec Benoît Raimbert.
Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Simon Associés ?
Chez Quadrige, notre précédent cabinet, nous avons développé des synergies particulièrement efficaces compte tenu de la complémentarité de notre activité, notamment en immobilier, moi-même étant spécialisée en droit public (notamment en contentieux) et mon associé, en droit privé.
Lorsque Quadrige a perdu trois de ses quatre associés fondateurs, fin 2013, nous sommes parvenus à la conclusion que nous souhaitions, à l’avenir, continuer à travailler ensemble et plutôt dans le cadre d’un projet d’entreprise structuré que dans celui d’une structure d’exercice individuelle, moins adaptée à notre typologie de dossiers et de clientèle.
C’est dans ce contexte que, courant 2014, nous avons engagé des discussions avec le cabinet Simon Associés qui, de son côté, cherchait précisément à diversion son offre immobilière en s’adjoignant des compétences en promotion et en urbanisme, complémentaires à celles de l’équipe existante déjà solidement positionnée en matière de gestion immobilière et de contentieux immobilier privé.
Dès les premiers échanges, il nous est apparu que Simon Associés était la structure adaptée à nos aspirations. Et les premières semaines passées au cabinet le confirment.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Pour ma part, j'ai suivi un cursus très marqué en droit public et ai dans un premier temps intégré le monde de l'entreprise, le groupe AXA, durant 5 ans. J'ai ensuite poursuivi ma carrière en tant qu'avocat, dans des structures de tailles et de cultures variées. Après 7 annees passées au sein d'un cabinet d'avocats aux conseils, j'ai souhaité réorienter mon activité vers le conseil, et vers des dossiers plus opérationnels, ce que m'ont offert le cabinet Lefèvre et Pelletier et Emmanuel Guillini.
En 2010, j'ai suivi ce dernier dans le projet de creation de Quadrige, dont je suis devenue associée en 2012, avant de rejoindre Simon Associés au 1er janvier 2015.
Qui a le plus influencé votre carrière ?
Sans hésitation, je citerai Arnaud Lyon-Caen et Frédéric Thiriez qui m'ont tous deux, nonobstant mes 6 annees d'expérience professionnelle anterieures, m'ont appris la rigueur, la precision et la technique rédactionnelle des avocats aux conseils, dont je me sers encore aujourd'hui.
Mais cette rigueur n'est pas suffisante aujourd'hui alors que le droit est en constant et rapide mouvement et que nos clients attendent de nous une certaine inventivité : c'est à la maison LPA que je dois aujourd'hui cette pointe d'audace dans les solutions que nous proposons.
Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?
Comme l'a souligné Benoît, j'exerce en particulier en contentieux : mes meilleurs souvenirs sont donc naturellement ceux pour lesquels tous les voyants (juridiques et contextuels) etaient au rouge lors de l'engagement de la procédure, mais qui se soldent finalement par un franc succès !
Et le souvenir est encore meilleur lorsque la bataille est gagnée sur un détail, telle la mention d'une heure trop tardive sur une télécopie, ayant fondé l'annulation d'une décision de préemption sur un bien de plusieurs dizaines de millions d'euros...
Quels sont vos domaines de compétences ? Qui conseillez-vous ?
Je traite de toutes questions relevant du droit public, dans lesquelles j'assiste tant en conseil qu’en contentieux les opérateurs privés comme publics, en particulier en matière d’urbanisme, d’urbanisme commercial et d’aménagement, en matière de contrats à objet immobilier associant une personne publique, mais également dans les domaines de la responsabilité administrative, du droit de la propriété des personnes publiques, et du fonctionnement des collectivités territoriales et des établissements publics locaux.
Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?
En 2014, ce sont essentiellement la loi ALUR du 24 mars 2014, et la loi ACTPE (dite PINEL) du 18 juin 2014 qui ont impacté le plus sensiblement le droit immobilier. Indépendamment de leurs incidences attendues (mais sur lesquelles nous disposons d’un recul insuffisant pour le moment) sur la création de nouveaux logements, l’évolution de l’équilibre de la relation bailleur-preneur dans les baux commerciaux et l’instauration du nouveau permis de construire valant autorisation d’exploitation commerciale, nous avons été interpellés par la réflexion unanime à laquelle ont conduit les discussions interminables et les hésitations manifestes du législateur sur ces deux textes, qui se réclament l’un et l’autre d’un objectif de « simplification du droit » : les opérateurs ont aujourd’hui besoin de stabilité des règles existantes, auxquels le temps permet en définitive de se faire même si elles sont parfois complexes, plutôt que d’une simplification (ou d’une simplification prétendue) qui, à force de modifications successives des règles en vigueur, accroît l’incertitude non plus seulement sur les conditions d’application de la règle mais sur son existence et sur la pérennité de son contenu lui-même.
A titre d’exemple, le décret du 12 février 2015 pris pour l’application de loi Pinel relativement à l’aménagement commercial fixe un régime transitoire si incohérent concernant les projets en cours qu’il devrait nécessairement être modifié. Ainsi, l’intérêt objectif des opérateurs déjà titulaires d’une autorisation d’exploitation commerciale (AEC) est d’attendre que cette modification intervienne avant de déposer toute demande de permis de construire. Mais le fait est qu’aujourd’hui, nous ignorons si cette modification de bon sens (qui viserait simplement à leur permettre de déposer un permis de construire sur le fondement de leur AEC existante, ce qui n’est a priori pas le cas en l’état actuel du décret) interviendra, ou non, ni quand elle interviendra, le cas échéant.
Quels sont vos objectifs pour ce cabinet ?
Nous souhaitons créer des synergies entre les différents associés du département immobilier (anciens et nouveaux) propices au traitement de dossiers d’envergure selon des standards d’exigence comparables à ceux de nos concurrents qui disposent d’un pratique déjà établie en immobilier, moyennant des prix plus compétitifs.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier