Quels impacts la crise sanitaire a-t-elle eu sur le chiffre d’affaires du 1er trimestre 2020 pour les entreprises du SBF 120 ? C’est à cette question que l’association ATH, dans le cadre de son Observatoire de l’information financière répond.
ATH a étudié les communiqués de presse publiés par les sociétés du SBF 120 à la date du 7 mai (94 sur 120), a comparé les chiffres d’affaires annoncés pour le 1er trimestre 2020 par rapport aux chiffres d’affaires comparables de 2019 et a analysé les commentaires faits par les entreprises.
- 38 % des sociétés ont vu leur chiffre d'affaires baisser de plus de 5 %
- 13 % des sociétés ont progressé de plus de 5 %
- 49 % des sociétés ont une évolution entre moins 5 % et plus 5 %
Les secteurs « gagnants » sont : la santé, les technologies, la distribution liée à l’alimentation).
Les secteurs « perdants » sont : le luxe, les transports, l’hôtellerie, l’automobile, la distribution - hors alimentation, les ventes en points de vente physiques, les activités culturelles. Toutes les sociétés concernées envisagent des plans rigoureux d’économies, de réduction d’investissements, et pour certaines de baisses des rémunérations des dirigeants ou des dividendes. Il faut noter que ces constats sont le résultat de quelques semaines seulement de confinement sur le 1er trimestre pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Les entreprises se montrent pour certaines sereines quant à l’avenir. Mais la plupart se montrent inquiètes quant aux résultats du 2ème trimestre voire des suivants.
Données chiffrées
L’impact sur les chiffres d’affaires des sociétés du SBF 120 fait des « perdants » et des « gagnants » :
- 36 sociétés présentent un chiffre d’affaires en baisse de 5 à 24 %
- 12 sociétés présentent un chiffre d’affaires en hausse de 5 à 22 %
- 46 sociétés présentent un chiffre d’affaires entre moins 5 % et plus 5 %.
Pourquoi ces seuils ?
- Rouge = baisse de plus de 5 % : perte significative
- Vert = hausse de plus de 5 % = entreprise « gagnante » grâce à son secteur d’activité favorisé par la crise ou dont la croissance très positive en début de trimestre a été réduite par la contre- performance du mois de mars
- Orange = De moins 5 % à plus 5 % = entreprise présentant une bonne résistance ou peu touchée par la crise
Les secteurs « gagnants » sont : la santé (Biomérieux, Virbac, Sanofi, Sartorius…), les technologies (Dassault Systèmes…), la grande distribution en alimentation (Carrefour…). Les entreprises ayant développé leur e-commerce ont pu limiter leurs pertes (L’Oréal, Essilor…).
Les secteurs « perdants » sont : le luxe (LVMH, Kering, Hermès…), les transports (Airbus, Air France, Getlink, ADP, Safran…), l’hôtellerie (Accor…), les activités liées à l’automobile (Renault, Faurecia, PSA, Michelin…), la distribution - hors alimentation (SEB, Bic, Fnac…), les sociétés qui réalisent leur activité sur des points de vente physiques (France Télécom Hermès, Klepierre, LVMH…), les activités culturelles (Lagardère, TF1…). Les plus gros perdants sur ce 1er trimestre sont les sociétés qui ont un fort courant d’affaires avec la Chine qui a subi la crise durant tout le trimestre (LVMH, Bureau Veritas …). A contrario ces entreprises espèrent un rebond au 2ème trimestre avec le redémarrage de l’activité en Chine (LVMH, Schneider, Valéo…).
Thématiques de communication
Les communications faites par les dirigeants dans les communiqués de presse présentent des préoccupations communes à l’ensemble des entreprises mais également des thématiques qui leur sont propres.
Toutes les entreprises évoquent la crise sanitaire avec un impact négatif ou positif bien que le confinement en France n’ait démarré qu’à la mi-mars.
Toutes les entités indiquent avoir été fortement mobilisées pour assurer la santé et la protection de leurs collaborateurs et de leurs clients.
Plusieurs indiquent leurs actions solidaires liées à la crise.
Les entreprises en rouge
Ce sont les entreprises qui ont vu leur activité fortement baisser en raison des mesures de confinement, de fermeture de points de vente, de baisse de la consommation. Mais Il faut signaler également quelques entreprises déjà en difficulté avant la crise.
Leur communication porte sur :
- Des plans d’économies en vue de réduire les coûts (Air France, Renault, Fnac Darty, Imerys, Lagardère, Valéo, … et bien d’autres), des décisions de réduction des investissements (Air France, Lagardère …), des objectifs de conservation de la trésorerie (Essilor, Kering…)
- Des baisses de la rémunération des dirigeants ou des administrateurs (Lagardère, Technip, Legrand…)
- Une diminution voire l’annulation des dividendes (Arcelormittal, Fnac Darty, Lagardère…)
- Seules quelques-unes évoquent l’aide de l’Etat : soit pour indiquer ne pas la demander ou soit pour indiquer avoir obtenu un Prêt Garanti par l’Etat ou un accompagnement (Air France…)
Certaines évoquent l’avenir avec :
- la perspective d’une reprise d’activité
- une certaine incertitude (Hermès, Kering, Lagardère…) ou une très lente reprise (Air France…)
- une grande confiance malgré tout (Imerys, Kering, TF1…).
Les entreprises en vert
Trois catégories :
- Les entreprises « gagnantes » en raison de leurs activités liées à la santé ; elles communiquent sur leur savoir-faire et leur aptitude à trouver des solutions pour lutter contre la pandémie (Biomérieux, Sanofi…)
- Les entreprises qui ont bénéficié des effets collatéraux de la crise sur la consommation (Casino, Carrefour…) ; elles se félicitent d’avoir accompagné la population pendant cette crise tout en s’interrogeant sur la pérennité de cette demande (Danone…). Certaines se sont appuyées sur le ecommerce (Casino…)
- Plusieurs entreprises présentent un taux positif sur ce trimestre qui est dû à deux premiers mois très favorables et à un mauvais mois de mars : elles anticipent des difficultés sur le 2ème trimestre (Téléperformance, Edenred)
La communication des « orange »
- Beaucoup restent dans des variations d’activité « raisonnables » mais ont vu leur chiffre d’affaires du trimestre reculer en raison du mois de mars et pressentent les difficultés au 2ème trimestre (Cap Gemini, FDJ, L’Oréal, Saint Gobain, Wendel, Scor, Véolia) ; elles évoquent d’ores et déjà des mesures d’économies à l’instar des entreprises en rouge (Bureau Véritas, Gecina, Rexel, FDJ…)
- Certaines s’annoncent résilientes et confiantes, en raison du positionnement de leurs produits et de leur solidité financière (Klepierre, L’Oréal Plastic omnium, Spie, Suez, Thales, Verallia…)
Méthodologie
Cette analyse porte sur 94 sociétés ayant communiqué sur leur chiffre d’affaires au premier trimestre 2020 à la date du 6 mai soit 83 entités sur les 114 sociétés du SBF 120 qui ont un exercice « année civile », soit un panel de 82 %. Elle s’appuie sur les chiffres d’affaires et sur les taux de variation communiqués par les entités ; à noter que les taux utilisés sont les taux de variations organiques, à périmètre constant et taux de change constant ; ils peuvent de ce fait être différents du taux de variation sur le chiffre d’affaires annoncé.
Une analyse thématique des communiqués de presse des sociétés. Les exemples donnés ne prétendent ni à l’exhaustivité ni à une valeur statistique puisque les entités sont libres de leurs thématiques de communication.