10 979 défaillances d’entreprises au 3ème trimestre 2023, en hausse de 23 %

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Le groupe Altares dévoile aujourd’hui les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 3e trimestre 2023. Avec 10 979 procédures ouvertes entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, le nombre de défaillances augmente de 23 % par rapport au 3e trimestre 2022. Pour la première fois depuis janvier 2022, la hausse générale ralentit. La situation des PME-ETI continue cependant de se dégrader avec près de 900 défauts ces derniers mois. Plus de 37 000 emplois sont menacés à l’issue de ce trimestre, un seuil évocateur de celui de la crise financière européenne de 2016.

Thierry Millon, directeur des études Altares « Depuis début 2022, le nombre de défaillances bondissait en moyenne de 47 % chaque trimestre. Un taux aussi élevé sur une si longue période est inédit, mais rappelons qu’en 2021, les défauts étaient aussi au plus bas depuis 35 ans. A l’issue de ce 3ème trimestre, la hausse (de 23 %) ralentit et les prochains trimestres pourraient également connaître des augmentations plus modérées.

Depuis le début de l’année 2023, sur 9 mois glissés, la France enregistre 41 000 défaillances, soit une moyenne de 4550 défauts chaque mois. Un niveau attendu, qui nous projette aux environs des 55 000 procédures en fin d’année, après un dernier trimestre qui devrait confirmer la décélération observée cet été.

Les PME-ETI suscitent toutefois une attention particulière. Très fragilisées dès 2022, elles représentent désormais 8,2 % des défauts. C’est 2 % de plus qu’en été 2019 et c’est aussi le taux le plus élevé depuis la crise financière. Dans ces conditions, le nombre d’emplois menacés au 3ème trimestre repasse la barre des 37 000 pour la première fois depuis sept ans. »

En hausse de 23 % au 3ème trimestre 2023, le nombre de défaillances d’entreprises est au plus haut depuis 2018.

10 979 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, soit une hausse de 23 % par rapport à la même période de 2022. Ce nombre approche celui de l’été 2018 (11 563). Sur 12 mois glissés, le cap des 53 000 entreprises défaillantes est franchi, un nombre revenu à son niveau de l’automne 2019.

Le nombre de liquidations judiciaires (7883) est proche de celui enregistré au cours de l’été 2016 (7850). Il n’augmente plus que de 19 % après s’être envolé de plus de 70 % au cours de l’été 2022. Plus des trois quarts des entreprises liquidées comptent moins de trois salariés.

Le quart des procédures sont des redressements judiciaires (RJ) dont le nombre (2818) est encore sensiblement inférieur à celui constaté avant Covid (3200 RJ au 3e trimestre 2019). Cette procédure est néanmoins plus fréquente, en hausse de 34% ce trimestre.

Fin 2022, le cap des 20 000 sauvegardes était atteint après 17 ans de pratique pour 915 000 défaillances prononcées sur la même période, soit à peine plus de 2% de l’ensemble. Durant l’été 2023, ce taux évolue à peine : 278 sauvegardes ont été obtenues soit 2,5% des procédures, en hausse de 21 % ce trimestre.

« 72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires, un taux très élevé qui confirme la grande faiblesse financière dans laquelle se trouvent ces entreprises. Ce taux de liquidation, inversement proportionnel à la taille de l’entreprise, grimpe à plus de 75 % chez les plus petites structures et descend à 10 % pour les plus grandes. Ces dernières, mieux armées pour piloter leur activité peuvent davantage prévenir le risque. Le temps, et donc l’anticipation, est en effet un facteur essentiel d’une réorganisation réussie mais les plus petites, très sensibles au retournement conjoncturel et en manque de financement, se retrouvent trop vite sous la ligne de flottaison » souligne Thierry Millon.

 

Nombre de défaillances d’entreprises par type de procédure par trimestre

(Données arrêtées au 1er octobre de chaque année)

 

2019 T3

2020 T3

2021 T3

2022 T3

2023 T3

EVOLUTION T3 2023/20222

 

MOYENNE 5 ANS

Sauvegardes

205

155

159

229

278

21,4%

205

Redressements

Judiciaires

3 161

1 466

1 292

2 109

2 818

33,6%

2 169

 Liquidations Judiciaires directes

7 205

5 081

3 860

6 612

7 883

19,2%

6 128

Total Défaillances

10571

6702

5311

8950

10979

22,7%

8 503

Total Emplois menacés

36 200

26 600

17 460

32 970

37 280

4 310

30 100

Emplois menacés par entreprise

3,4

4,0

3,3

3,7

3,4

 

3,6

 

En hausse de 32 %, le niveau de défauts des PME-ETI se rapproche des référentiels de la crise financière

 

Les défaillances de PME-ETI continuent d’augmenter plus vite que celles des TPE. Près de 900 PME-ETI ont défailli au cours de ce 3e trimestre, soit 32 % de plus qu’il y a un an. Il s’agit de l’été le plus sinistré depuis 2014.

Moins de la moitié d’entre elles sont directement liquidées offrant ainsi un sursis à l’emploi. Elles concentrent néanmoins plus de 58% des emplois menacés (21800 des 37300) alors qu’elles représentent 8,2 % de l’ensemble des défauts.

La proportion de PME parmi les entreprises défaillantes ne cesse d’ailleurs de croitre. De 6,3 % au 3e trimestre 2020, leur taux est monté à 7,2 % un an plus tard, à 7,6% l’été 2022 et se situe désormais à 8,2%. Un chiffre qui n’avait plus été observé depuis 2010, dans le sillage de la crise financière.


En hausse de 22 % sur ce trimestre - soit 10 points de moins que les PME-ETI - les défauts de TPE demeurent les plus nombreux (10 080 soit 92 % du total). Parmi ces entreprises, les plus petites comptant moins de trois salariés résistent mieux avec une hausse des défauts de 18 %, sous la moyenne globale de +23 %.

21 800 emplois menacés chez les PME, 15 500 chez les TPE : ce 3e trimestre est le plus durement fragilisé depuis l’été 2016 (39 000).

Les très jeunes entreprises sont plus vulnérables 

Les très jeunes entreprises de moins de 3 ans sont en souffrance. Près de 1700 sociétés créées depuis 2021 sont tombées en défaillance ce 3e trimestre, c’est 32% de plus qu’il y a un an. Particulièrement fragiles, 81% d’entre elles ont été immédiatement liquidées.

A l’inverse, les jeunes entreprises (entre 5 et 3 ans) créées avant Covid et qui ont su résister jusqu’alors, tiennent bon.  3175 ont fait défaut, c’est « seulement » 13% de plus qu’un an plus tôt. Cette performance s’accompagne également de meilleures perspectives de rebond puisque le nombre de liquidations judiciaires n’augmente que de 9 % à la faveur de redressements judiciaires en hausse de 24 %.

Les entreprises nées sur la période 2013 à 2018 sont, comme les très jeunes, davantage en difficulté, enregistrant une augmentation du nombre de défaillances de 31%. Les deux tiers d’entre elles sont des structures de moins de trois salariés.

Celles âgées de plus de dix ans se situent dans la moyenne avec une sinistralité en hausse, proche de 22%.

 

Dans le détail des secteurs économiques, la construction tente de résister, le commerce en souffrance

Les activités à destination du consommateur toujours en difficulté

 

 

 

RESTAURATION

1207 établissements de restauration ont défailli (+21 %) au cours de ce 3e trimestre, un nombre proche de celui de l’été 2018 (1242). Cette tendance est portée par la restauration rapide qui signe un « record » historique avec 532 défauts (+28 %) tandis que la restauration à table (625) est à peine à son niveau de défaillance de l’été 2019 (634).

Les débits de boisson enregistrent une dégradation rapide (234 ; + 30 %) mais demeurent sous le niveau de 2019 (242).

HEBERGEMENT

L’hébergement se distingue remarquablement avec un recul de 13 % du nombre de défaillances (48).

COMMERCE

Le commerce de détail se situe dans la moyenne globale et reste proche de son niveau 2019, à la faveur des magasins d’habillement qui tiennent (+26 % ; 203 vs 230 en 2019) malgré les défauts de plusieurs enseignes renommées. L’équipement du foyer (+23% ; 203 vs 218 en 2019) est également sous ses valeurs d’avant Covid mais la situation est tendue pour l’activité meuble. En revanche, le trimestre est resté compliqué pour les magasins multi-rayons (+26% ; 204 vs 151) notamment pour les épiceries (156), au plus haut depuis au moins dix ans.

Le commerce interentreprises résiste bien (+4 % ; 421), tout particulièrement dans les matériaux de construction (-27 % ; 45).

SERVICES AUX PARTICULIERS

Dans ce secteur, les tendances restent élevées. Les activités de coiffure et instituts de beauté (+38% ; 401) connaissent une sinistralité au plus haut sur dix ans. Depuis le début de l’année, sur 9 mois glissés, on comptabilise près de 1090 défauts de coiffeurs, soit autant que sur l’ensemble de l’année 2015, qui détenait la triste place de « pire » année sur le front des défaillances pour le secteur.

Hausse sensible des défauts dans les services B2B. Dans la construction le gros œuvre tient encore.

CONSTRUCTION

La construction (+28% ; 2643) qui a longtemps résisté enregistre désormais une tendance supérieure à la moyenne globale et renoue avec les seuils pré Covid.

Le second œuvre (+28% ; 1360) repasse au-dessus de sa valeur 2019 (1238), en revanche, le gros œuvre est encore sous son référentiel d’avant Covid (758 vs 820), bien que le rythme accélère (+34%). La construction de maisons individuelles retrouve son niveau de l’été 2019 tandis que la maçonnerie générale s’en approche.

Dans les travaux publics (141 ; +25%) les défauts des travaux de terrassement sont au plus haut depuis l’été 2015.

 

Le nombre de défaillances d’agences immobilières a quasiment doublé ce 3e trimestre (+98% ; 172), au plus haut depuis plus de 10 ans. 

INDUSTRIE MANUFACTURIERE / AGROALIMENTAIRE

Dans l’industrie manufacturière (449 ; +15%), le nombre des défaillances est proche de sa valeur du 3e trimestre 2019 (440). Des tensions se confirment dans les activités d’imprimerie, de fabrication de parfums et de produits de toilette ou de matériel médico-chirurgical et dentaire.

Les défaillances d’entreprises en agroalimentaire (+22% ; 361) se concentrent principalement dans les activités de boulangerie-pâtisserie et pâtes (269 ; +16 %).  

SERVICES AUX ENTREPRISES

La hausse des défaillances reste forte dans les services aux entreprises (1 472 ; +34 %) en particulier dans le conseil en communication et gestion (+51%) et le nettoyage de bâtiments (+41%).

Dans les services informatiques (+33% ; 236), la situation est particulièrement délicate dans les activités de programmationqui connaissent leur plus haut niveau de défauts sur plus de 10 ans.

TRANSPORTS

Avec 277 défaillances d’entreprises, le transport routier de marchandises (+20 %) présente une sinistralité jamais atteinte depuis plus de dix ans dans l’interurbain et au plus haut depuis 2015 pour le fret de proximité.

AGRICULTURE

L’agriculture se distingue avec un recul des défauts (-5 %), particulièrement marqué dans l’élevage (-28 %). La situation est plus délicate dans les activités de soutien aux cultures et la culture de la vigne.


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