Le Monde du Droit a rencontré Aline Poncelet, associée du cabinet Paul Hastings à Paris, qui s’implique depuis de nombreuses années dans la question du rôle et du statut des femmes dans la vie économique et dans le monde des avocats. A quelques jours de l’ouverture de la 4ème édition du Women’s Forum à Deauville, Aline Poncelet nous ouvre les yeux sur certaines réalités et nous explique ce que représente ce " Davos au féminin ".
Aline Poncelet s’intéresse depuis longtemps au statut des femmes dans la vie économique et a animé au sein de l’IBA (International Bar Association), un Women’s Interest Group pour la France. "A l’époque, il y avait une trentaine de femmes avocates en France qui étaient membres de l’IBA et leurs cabinets ne les laissaient pas aller aux réunions internationales de l’IBA qui étaient la chasse gardée des avocats poids lourds des cabinets ", rappelle Aline Poncelet. Elle était alors jeune associée en Capital Markets chez Moquet Borde et faisait figure de rareté. Au fil des années, elle s’est beaucoup interrogée sur la question de savoir pourquoi les femmes avaient du mal à émerger dans la vie professionnelle alors que tant d’elles en ont les qualités et les capacités. Son explication est loin des clichés et des idées reçues sur la vie familiale ou le temps consacré aux enfants. " Si les femmes ont du mal à émerger, c’est qu’elles n’ont pas le temps ou le goût du networking ", dit-elle. Poursuivant le raisonnement, Aline Poncelet explique que les femmes sont trop souvent victimes de leur conscience professionnelle et du syndrome de la bonne élève. Dans un cabinet d’avocats, ce sont le plus sou vent les femmes qui s’occupent de la formation, animent des réunions d’équipes... Quand les associés, hommes, font des relations publiques à l’heure du déjeuner, les associées, femmes, mangent une salade sur le coin de leurs bureaux. Le Women’s Forum apporte un souffle nouveau dans un monde très masculin.
Aline Poncelet participe activement à l’évènement dont Paul Hastings est devenu un partenaire. Mais le Women’s Forum n’est pas que l’occasion pour les femmes importantes du monde économique de se retrouver, c’est aussi une occasion unique pour les grands dirigeants d’entreprises de mieux comprendre les femmes qui les entourent. Pour saisir l’importance mondiale que cet évènement a pris en quelques éditions, Aline Poncelet cite une étude réalisée par McKinsey qui a conclu que les entreprises qui avaient plus de femmes dans les postes-clé de direction étaient plus rentables que les entreprises où il y en avait moins. Cette étude, d’abord conduite aux Etats-Unis, a été étendue au monde entier et les conclusions ont été identiques. Les grandes entreprises commencent à comprendre, notamment grâce au Women’s Forum, le potentiel de l’apport des femmes dans la vie de l’entreprise. Ainsi, la Poste se réforme en faisant parler les femmes qui y travaillent, Renault réorganise sa force commerciale car les femmes joue un rôle dominant dans la décision d’achat de voitures par leurs maris,... les exemples sont nombreux.
Une des préoccupations actuelles d’Aline Poncelet concerne la déperdition dans les entreprises et particulièrement dans les cabinets d’avocats qui résulte du départ prématuré de femmes très qualifiées. " Les cabinets d’avocats recrutent 50% de femmes qui sont souvent plus diplômées et plus sérieuses que les hommes et quelques années plus tard, la plupart d’entre elles ne sont plus là. C’est du mismanagement ", dit-elle. Ce sont de tels sujets de réflexion que le Women’s Forum met sur la table. Rendez-vous les 16, 17 et 18 octobre à Deauville pour les réponses.
