Un an après le Grenelle sur les violences conjugales : un bilan mitigé

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Un an après le Grenelle sur les violences conjugales, dont les avancées prévues devaient prévenir les agressions au même titre que les féminicides, où en sommes-nous ? Les associations dressent un bilan en « demi-teinte » avec des nombreuses avancées, mais sans impact véritable pour le moment.

« Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? » déplore Anne-Cécile Mailfert de la Fondation des Femmes sur le manque de pilotage institutionnel. L’ensemble des acteurs associatif présents sont unanime, le Grenelle a donné une visibilité sans précédent aux violences faites aux femmes, mais il ne faut pas que cela reste au stade de la communication, une réponse politique était attendue.

Les associations de défense des droits des femmes attendaient un réel changement après l’inauguration très solennelle par le gouvernement du Grenelle des violences conjugales du 3 septembre 2019. Il était la réponse gouvernementale aux manifestations dénonçant la hausse des féminicides en 2019.

Cette réponse gouvernementale est en demi-teinte, car deux tiers des objectifs fixés sont mis en œuvre ou en cours de réalisation et le dernier tiers est encore au point mort.

Les associations pointent du doigt « les angles morts » du Grenelle. Les 1000 places d’hébergement annoncées en 2019 sont insuffisantes surtout que ces places ne sont pas accompagnées d’un suivi social et il peut arriver que l’hébergement ne soit pas adapté (hébergement avec des hommes ou non sécurisé).

Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité, mentionne un rapport des sénateurs Arnaud Bazin et Eric Bocquet dans lequel ils ont souligné que l’hébergement avec suivi social nécessiterait une dépense de 40 à 50 euros par jour, alors qu’aujourd’hui le budget alloué est de 25 euros par jour. La promesse était à l'augmentation, mais rien n'a été fait. Il dénonce « un manque de transparence du budget, on ne sait pas où va l’argent », et Anne-Cécile Mailfert y voit « un tour de passe-passe budgétaire ». 

Dans les avancées, les associations se félicitent de l’intégration à la loi des cyber-violences et du suicide forcé au sein du couple, de la suspension de l’autorité parentale, de l’interdiction de la médiation pénale en cas de violences, et la mise en place de la grille d’évaluation du danger.

Les associations attendent le déploiement de 1000 bracelets anti-raprochement, prévu courant septembre. Ce dispositif a fait ses preuves en Espagne depuis 2009. 

De nouvelles annonces devraient avoir lieu le 25 novembre à l'occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes.

Yannick NADJINGAR-OUVAEV


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