Elections ordinales Paris 2020 : interview de Marie-Hélène Fabiani et Thomas Charat

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Le Monde du Droit a interrogé Marie-Hélène Fabiani et Thomas Charat, candidats au Conseil de l'Ordre de Paris pour le mandat 2020-2022.

Pourquoi vous présentez-vous ?

Marie-Hélène Fabiani : Les élus au Conseil de l’Ordre œuvrent concrètement pour les avocates et avocats du Barreau de Paris. Nous souhaitons y porter des valeurs auxquelles nous croyons et pour lesquelles nous agissons déjà.

Maman, collaboratrice d’abord, désormais associée, je connais la nécessité de l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle, suis convaincue de l’importance d’instaurer un climat de confiance et de transparence avec ses collaborateurs et ai désormais pleinement conscience des problématiques que connaissent les associés ou installés. Exerçant en IP / IT, j’ai une expertise pointue des sujets liés au numérique et de leurs impacts pour la profession.

Thomas Charat : Engagés au service de la profession, à l’UJA d’abord, puis au Conseil National des Barreaux (CNB) ensuite, nous souhaitons poursuivre cet engagement en mettant notre connaissance des institutions, notre force de travail et nos convictions au service de nos consœurs et confrères parisiens.

Papa, je suis très sensible au renforcement du congé paternité et aux actions en faveur de l’égalité. Collaborateur d’abord, puis fondateur d’une SELARLU, pour moi l’Ordre peut faire encore plus pour accompagner efficacement les avocats tout au long de leur parcours professionnel, dès le lendemain de la prestation de serment. Publiciste, représentant d’intérêts, j’ai quelques connaissances en lobbying que je souhaiterai mettre au service de l’Ordre.

Ce parcours complémentaire, cette longue collaboration, ces valeurs communes fortes partagées, nous permettent une capacité d‘échange et de travail sur ces sujets fondamentaux.

Quels sont les principaux axes de votre programme ?

Thomas Charat: Parler de programme pour des candidats au Conseil de l’Ordre est toujours présomptueux ; c’est le Bâtonnier qui porte un programme.

Nous préférons parler de convictions.

Nous en avons quelques-unes.

Marie-Hélène Fabiani : Nous croyons en à la solidarité, la bienveillance et l’égalité. La confraternité, principe intrinsèque à notre profession, est trop souvent reléguée à une perspective bien abstraite. Elle doit guider bien des réformes nécessaires au fonctionnement et à l’organisation de notre Barreau. De réelles avancées ont été obtenues, souvent grâce aux élus UJA, néanmoins notre profession demeure marquée par les inégalités, la fragilité des mécanismes de protection de ses membres et des difficultés d’exercice nombreuses.

Nous devons poursuivre les initiatives menées et aboutir à des changements effectifs et durables : parentalité, discriminations, handicap, installation, protection des collaborateurs…

Thomas Charat : Nous souhaitons nous engager en faveur du rayonnement et du dynamisme de notre Barreau. Un autre axe est l’« audace ». Pour anticiper les changements structurels de notre profession et faire face aux difficultés conjoncturelles actuelles, il faut revenir à la nature entrepreneuriale de l’avocat et encourager les actions en ce sens.

Au CNB, en tant que Président de la Commission Droit et Entreprise, j’ai œuvré pour développer le «réflexe avocat» auprès de l’écosystème entrepreneurial et des entreprises pour permettre aux confrères de conquérir des marchés.

Cette action nationale doit être dupliquée au niveau local.

Je souhaite, notamment, poursuivre ces travaux pour développer le « réflexe avocat » auprès de l’écosystème entrepreneurial parisien et francilien.

Marie-Hélène Fabiani : Pour ma part, au CNB, j’ai travaillé sur les sujets liés à la PI notamment pour tenter d’installer la Juridiction Unifiée des Brevets à Paris, pour faire de notre Barreau une place du droit incontournable à l’échelle européenne, d’autant plus à l’heure du Brexit. Ce travail d’influence de longue haleine doit être poursuivi ; je souhaite en être le relais à l’Ordre.

J’ai également participé à la création de la « Journée du Droit dans les Collèges » qui permet, chaque année, à des avocats de se rendre au sein des collèges afin de présenter un thème comme la Liberté cette année. Je souhaite porter tout type d’action qui met l’avocat au Cœur de la Cité.

Quels dysfonctionnements observez-vous au sein de l’Ordre et que proposez-vous comme solutions ?

Thomas Charat : Nous avons un Ordre qui dispose de beaucoup de prérogatives et dispensent de nombreux services.

Cela n’est pas connu.

Trop de consœurs et confrères s’en sentent éloignés, ne semblent plus rien en attendre et ne participent plus aux élections.

Nous croyons en l’intelligence collective pour réenchanter la démocratie ordinale.

De cette démocratie ordinale dépend l’avenir de notre autorégulation et donc de notre indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics.

Il faut retisser le lien entre l’Ordre et les consœurs et confrères, et faire en sorte qu’il ne se rompt pas.

Marie-Hélène Fabiani : Le combat contre la réforme des retraites a montré que cette intelligence collective existait et ne demandait qu’à s’exprimer.

La société évolue, les habitudes également. L’Ordre doit s’adapter.

Il existe une volonté de prendre part aux grands débats de la profession. Ces temps d’échange doivent prendre corps différemment avec plus d’immédiateté, plus d’accessibilité et moins de formalisme.

Qu'avez-vous de plus que les autres candidats ?

Marie-Hélène Fabiani : Les candidats sont de qualité. Nous ne savons pas si nous avons quelque chose en plus ou de moins, chacun apportant son expérience, son expertise, son histoire…

Nos personnalités et nos valeurs correspondent à l’esprit UJA à savoir bienveillance, engagement et audace.

Thomas Charat : Notre différence ? L’investiture UJA. Si nos consœurs et confrères nous font l’honneur de nous élire, nous porterons ses positions. Cela constitue une forme de garantie et de transparence sur les valeurs que nous défendrons !

Propos recueillis par Yannick Nadjingar-Ouvaev


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