Le Baromètre des entreprises du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce révèle un pic de radiations d’entreprises sous l’effet de la crise de la COVID-19 : le nombre d’entreprises radiées du registre du commerce est en hausse de 28 % en un an.
132.412 entreprises ont été radiées du registre du commerce et des sociétés au cours du premier semestre 2021, soit une augmentation de près de 28% par rapport au premier semestre 2020.
L’étude fait apparaître que la majorité de ces radiations, 69.609 soit une augmentation de 32 % à un an d’intervalle, émanent d’un choix volontaire du chef d’entreprise.
Par ailleurs, 38.818 radiations d’entreprises font suite à une procédure collective (+ 2% de hausse) mais dont la part dans l'ensemble des radiations se contracte (29,5% en 2021 contre 37% en 2020).
Enfin, 19.007 entreprises ont été radiées d'office du registre du commerce et des sociétés, hausse de 107% alors que 3.926 radiations résultent d'autres motifs (décès du dirigeant, etc.).
Les secteurs d'activité traditionnels durement frappés par la crise concentrent la majorité des radiations
S’agissant des secteurs d’activité, le secteur du Transport et entreposage affiche la hausse la plus marquée du nombre de radiations, à + 48 % par rapport au premier semestre 2020. L’augmentation est même de 77 % pour le seul sous-secteur de la Livraison à domicile. De même, le Commerce affiche une augmentation de 25 % des radiations au premier semestre 2021, chiffre tiré principalement par le e-commerce (+ 81% de radiations). Dans le même temps, les secteurs traditionnels concentrent toujours la majorité des radiations d’entreprises. Ainsi, les secteurs de la Location de logements et de terrains et de la Restauration représentent près d’un quart du total des radiations. L’Enseignement, santé et action sociale, les Activités financières et d’assurance ainsi que le secteur de l’Information et communication enregistrent également des hausses du nombre de radiations supérieures à 30 % sur la période du 1 er janvier au 30 juin 2021
Légère augmentation de l’âge moyen des entreprises radiées
On assiste également à une augmentation de l’âge moyen des entreprises radiées au cours de ce semestre qui atteint 12 ans, soit une augmentation de 2,5 mois de plus qu’en 2020.
Cependant, la moyenne d’âge au moment de la fermeture varie fortement selon les secteurs d’activité. Ainsi, les entreprises radiées du secteur de l’Agriculture, sylviculture et pêche étaient en moyenne âgées de 18,4 ans (+ 7 mois à un an d’intervalle, la plus forte hausse) et celles des Activités immobilières de 17,4 ans (- 6 mois). A contrario, l’ancienneté des entreprises radiées au premier semestre 2021 était la plus basse pour les secteurs de l’Information et communication (7,5 ans soit - 5 mois), et surtout du Transport et entreposage (4,4 ans, soit -9,5 mois) qui enregistre la plus forte diminution. Notons que pour ce dernier secteur, l’âge moyen des entreprises radiées dans la livraison à domicile est de seulement 1 an et 1 mois.
Si cette tendance à l'augmentation des radiations d'entreprises est observée dans tout l’hexagone, certaines régions sont plus durement touchées que d'autres : le nombre d'entreprises radiées dans les Hauts-de-France est ainsi quasiment multiplié par deux par rapport au premier semestre 2020, quand il croît de plus d'un tiers dans l'Ouest de la France (Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine).
« Alors que nous craignions jusqu'ici de voir déferler une vague de procédures collectives, ou bien encore de soutenir artificiellement des entreprises dites "zombies", nous observons qu'un nombre croissant de chefs d'entreprises choisissent de mettre volontairement fin à leur activité. S'il est encore trop tôt pour dresser des conclusions sur l'impact de la crise sur notre économie, une chose est sûre : la transformation de notre tissu entrepreneurial s'accélère et se confirme dans le temps. Pour accompagner ces mutations, nous devons trouver un juste équilibre entre innovation, agilité, confiance et sécurité. C'est là toute la vision de la justice commerciale portée par les greffiers des tribunaux de commerce » observe Sophie Jonval, présidente du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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