Baromètre Day One sur les mouvements d’associés dans les cabinets d’avocats d’affaires en France en 2013.
La forte croissance des cabinets d’avocats d’affaires, notamment par rapport aux entreprises plus « traditionnelles », repose en grande partie sur leur capacité à optimiser et aligner les grands actifs immatériels avec leur stratégie : le positionnement, la relation clients, le capital humain, l’organisation & la gouvernance, le partage des savoirs et l’innovation.
Coté Capital humain, le mercato des associés bat de nouveau des records en 2013.
Volume de mouvements record en 2013 : 235 associés
Depuis la création du baromètre des mouvements d’associés en 2006, jamais autant d’associés n’avaient changé de cabinet. 1 mouvement sur 4 concerne les femmes soit 59 associées au total, chiffre en baisse par rapport à 2012 (65).
Figure 1 : nombre de mouvements d’associés dans les cabinets d’avocats d’affaires en France depuis 2006
Statut de départ vs. statut d’arrivée : 2 mouvements sur 3 concernent des avocats déjà associés dans leur structure d’origine
2 mouvements sur 3 (66%) concernent des avocats déjà associés dans leur structure d’origine ce qui constitue un record en proportion mais surtout en volume avec 154 avocats concernés. En revanche, seulement 27% des mouvements concernent des avocats qui étaient collaborateurs dans leur structure d’origine (contre 34% en 2012). Autrement dit, le changement de cabinet n’a en 2013 pas constitué le sésame vers l’association comme l’année précédente.
L’attrait des nouveaux cabinets : 1 mouvement d’associés sur 3 s’est fait vers un nouveau cabinet
Avec 159 nouveaux associés arrivant de l’extérieur, jamais les cabinets d’avocats français n’avaient accueilli autant de mouvements. Au-delà de l’explication logique, du nombre élevé de cabinets français sur le marché FR, on notera surtout, que jamais autant d’associés (68) n’avaient rejoint un nouveau cabinet, i.e. un cabinet créé dans l’année en cours. Ainsi, en 2013, 1/3 des mouvements d’associés (33%) s’est fait vers un cabinet nouvellement créé (en 2012 ou 2013). Cette proportion est similaire à 2012 (34%).
« Le nombre important de départs vers de nouveaux cabinets ou de créations de cabinets traduit une problématique de rétention des talents de plus en plus prégnante pour les cabinets. Elle s’inscrit dans une évolution démographique et sociologique des attentes des générations X et Y par rapport à la génération Baby Boom.» constate Jérôme Rusak, associé de Day One, qui pilote le baromètre depuis 8 ans.
Les structures d’arrivée : un nombre record de cabinets (123) qui ont recruté des associés à l’extérieur
Le nombre de cabinets d’avocats d’affaires en France concernés par au moins une arrivée est à son plus haut niveau historique en 2013 : 123 cabinets ont eu recours au recrutement latéral contre 119 en 2012. Sur ces 123 cabinets, 4 sur 5 (79%) ont recruté 1 ou 2 associés à l’extérieur (cf. figure 2). Parmi les 123 cabinets concernés, on retrouve : 86 cabinets français, 17 cabinets américains, 17 cabinets anglais. Le cabinet qui a connu le plus d’arrivées d’associés en 2013 est le cabinet Racine avec notamment l’intégration du cabinet strasbourgeois Wachsmann & Associés. Parmi les autres mouvements remarquables, on notera bien évidemment l’arrivée de l’équipe de 9 associés de Morgan Lewis chez Gide Loyrette Nouel et l’implantation sur le marché français du cabinet brésilien Brandi Partners en recrutant des associés sur place.
Figure 2: répartition des cabinets selon le nombre d’associés recrutés en latéral en 2012 et 2013
Les cabinets français ont accueilli 71% des associés qui ont bougé en 2013 (contre 60% en 2012), les cabinets anglais 16% (contre 14% en 2012) et les cabinets américains 13% (contre 24% en 2012). Remarquons que les Bigs n’ont accueilli aucun nouvel associé en provenance d’un autre cabinet.
Les cabinets américains ont recruté peu d’associés en latéral
La part des associés qui rejoignent les cabinets américains s’est écroulée par rapport aux 2 années précédentes alors qu’en 2012, 1 associé sur 4 qui changeait de cabinet rejoignait un cabinet américain, en 2013. Cela peut signifier une évolution des business models des bureaux français de ces firmes américaines ou encore que les départs d’associés ont été compensés par des promotions internes. Par ailleurs, quasiment aucune femme n’a rejoint un cabinet américain en tant qu’associée en 2013 (3 sur 59 soit 5% !). En revanche, 1 femme sur 4 rejoint un cabinet anglais. D’un point de vue global, en 2013 la part des associés qui ont rejoint un cabinet anglais est restée stable par rapport à 2012.
« La question de la parité au sein des cabinets d’avocats d’affaires est un exemple de la nécessité d’aligner son capital humain, son capital organisationnel, sa gouvernance avec le capital client : le Cercle Montesquieu a exprimé sa volonté de créer en 2014 un classement et une labellisation des cabinets en fonction de la parité réelle. Il sera intéressant de voir comment les cabinets répondent à ces attentes.», remarque Jérôme Rusak.
Les structures de départ : un nombre record de cabinets ont vu partir des associés
En 2013, un nombre record (103) de cabinets d’avocats sur le marché français ont vu partir des associés. D’un point de vue général, 50% des 235 mouvements concernaient des associés quittant des cabinets français, 28% des cabinets américains et 16% des cabinets anglais. Remarquons que 59% des associés qui arrivent dans un cabinet américain proviennent d’un cabinet anglais. Ces départs représentent à eux seuls la moitié des associés en provenance des cabinets anglais sur l’ensemble du marché.
Les cabinets anglais vont eux recruter d’abord dans les cabinets français (44%) puis dans les cabinets américains (29%) et enfin dans les autres cabinets anglais (15%).
Parallèlement, 69% des associés en provenance d’un cabinet américain rejoignent un cabinet français contre seulement 35% qui rejoignent un cabinet anglais.
On remarquera enfin, chose intéressante, que la moitié des associés issus de structures non cabinets sont des femmes (7 sur 14).
Les ratios Départs / Arrivées
· Le ratio des cabinets anglais à 1,03 est en légère baisse par rapport à 2012 (1,19) mais a retrouvé son niveau de 2011. Ces cabinets ont compensé chaque départ par une arrivée d’associés de l’extérieur. Au total, sur 2013, le différentiel entre le nombre de départs et le nombre d’arrivées d’associés dans les cabinets anglais est de +1.
· Le ratio des cabinets français à 1,46 indique que pour 2 associés qui partaient d’un cabinet français, 3 associés arrivaient de l’extérieur. Le différentiel départs / arrivées pour l’année s’élève à +50.
· Le ratio des cabinets américains est lui en forte baisse à 0,48, à un niveau historiquement bas, contre 0,93 en 2012. Cela signifie que pour 2 associés qui sont partis d’un cabinet américain en 2013, un seul est arrivé de l’extérieur. Au total le différentiel départs / arrivées est à – 32 pour les cabinets américains.
Domaines d’expertise
Comme d’habitude les mouvements d’associés ont concerné principalement les spécialistes du M&A et du Corporate (22%). Tendance intéressante, le contentieux (14%) et le fiscal (13%) sont les expertises qui suivent avec le plus de mouvements. Dans une année 2013 marquée par le renforcement des contrôles fiscaux par l’Administration et la recrudescence des contentieux inhérents, cette tendance fait sens. Enfin, on notera l’émergence de l’expertise « Afrique » dans les mouvements d’associés en 2013. Celle-ci s’inscrit dans un contexte où l’attrait pour le marché africain de la part des entreprises et des cabinets d’avocats d’affaires se développe, notamment en raison des ressources en minerais et énergie et en raison des potentialités de débouchés commerciaux
En 2013, plus de la moitié des mouvements d’associés en Droit Social concernait les femmes (14 sur 27 soit 52%). Dans une moindre mesure, les restructurations (40%) et la finance (38%) ont été des expertises « féminisées » en 2013.
Figure 3 : répartition des mouvements d’associés selon l’expertise technique de l’avocat en 2013
Méthodologie : le baromètre Day One des mouvements d'associés dans les cabinets d'avocats d'affaires en France est élaboré quotidiennement depuis 2006 à partir d'informations publiées dans la presse généraliste et spécialiste (papier ou électronique) ainsi que des sites web des cabinets d’avocats concernés.