Les outils digitaux que proposent les Legaltech ont parfois été accueillis avec parcimonie. En cause notamment, la difficulté d’appréhension de leur complémentarité avec les professionnels du droit. Pierre Marteel (Ostendi), Mehdi Ouchallal (LegalPlace) et Grégoire Thomas (Doctrine) ont apporté leurs analyses, mercredi 27 mars, lors des Rencontres Business à Paris.
« L’intelligence artificielle ne remplace pas le juriste », argue Mehdi Ouchallal, co-fondateur et directeur général de LegalPlace, plateforme de création de contrats en ligne pour professionnels et particuliers. Il ajoute : « Si on remplace quelqu’un ce serait peut-être alors l’assistant juridique ». Les outils proposés par les Legaltech concernent effectivement les travaux répétitifs et chronophages comme la rédaction de contrats ou les recherches des données adéquates. Pour Grégoire Thomas, VP marketing & growth du moteur de recherche juridique Doctrine, l’objectif est d’aider le professionnel : « L’inflation des données juridiques les rend indigestes et impossibles à retenir pour le cerveau humain, les algorithmes permettent de les aborder sous un nouveau prisme. »
Alléger la charge mentale du professionnel
Les outils digitaux offriraient par ailleurs un certain gain de sérénité aux professionnels du droit. « Mes clients ont toujours la crainte de passer à côté de l’information clé qui aurait pu tout changer dans leur affaire, nous apportons une solution à ce problème », vante Grégoire Thomas. Pour Mehdi Ouchallal, les Legaltech permettent également de faciliter la délégation grâce à l’automatisation des contrats ainsi que le travail d’équipe. « Pour réaliser et faire évoluer une arborescence de contrats, chacun apporte ses compétences, de quelque domaine qu’elles soient et cela permet une capitalisation du savoir-faire », expose-t-il. Dans cette situation, en cas d’erreur dans les documents créés, la société qui émet finalement le document sera tenue responsable juridiquement. Même si, en théorie, un travail d’équipe ne donne aucune raison de douter de la rigueur de chacun de ses participants.
L’outil n'autorise pas l'absence de réflexion
Grégoire Thomas se défend de toute concurrence entre le logiciel Doctrine et les traditionnels auteurs de doctrine. « Nous ne cherchons pas à créer un contenu mais simplement à agréger les données. L’information brute que l’on fournit n’a pas de valeur tant que le professionnel n’apporte pas son interprétation », lance-t-il. Doctrine fonctionne somme toute, comme un moteur de recherche classique. Pierre Marteel, VP sales & marketing pour Ostendi, outil d’automatisation et de sécurisation des contrats, précise : « Ce qui importe c’est que la technologie libère du temps au professionnel qui peut ainsi mieux s’occuper de son client ». La digitalisation apporte avec elle de nouvelles manières de travailler, même si les Legaltech tentent en premier lieu de s’adapter aux demandes des professionnels du droit.
Louise Jammet