A l’occasion de son premier anniversaire, le Cercle des Journalistes Juridiques (CJJ) a organisé une table ronde qui a permis de rappeler le rôle du journalisme juridique.
Lundi 17 septembre 2018, le Cercle des Journalistes Juridiques (CJJ) a fêté son premier anniversaire dans les locaux du Conseil national des barreaux. La table ronde sur les défis et perspectives du journalisme juridique a permis de revenir sur le rôle du journalisme juridique.
En introduction de ce débat, Olivier Hielle, journaliste juridique et membre du CJJ, explique que le journaliste se doit d’être humble. « Un journaliste doit toujours se dire qu’il ne sait rien et que les interlocuteurs savent ».
Le journaliste juridique se distingue du chroniqueur judiciaire
Olivia Dufour, journaliste juridique et présidente du CJJ, a rappelé la différence entre le journaliste juridique et le chroniqueur judiciaire. « Le journalisme juridique ne résume pas à la chronique judiciaire. Notre spectre est très large : de la Chancellerie, au droit de la construction, de la santé, à l’actualité des professions du droit...».
Selon la présidente du Cercle des Journalistes Juridiques, le choix des mots est primordial parce que « le journalisme juridique est une discipline exigeante où les mots ont un poids et une résonance singulières. Si nous n’utilisons pas le bon mot, nos articles seront décribilisés ».
Rendre intelligible le droit
Nicolas Corato, conseiller en communication, Pierre Berlioz, Directeur de l’EFB et Christian Lefebvre, Notaire honoraire, médiateur du notariat, s’accordent pour dire que le journaliste juridique a un rôle majeur dans la vulgarisation du droit, la diffusion du droit mais aussi pour « aider les praticiens du droit à être intelligibles ».
« Nous avons besoin de revues dédiées à nos spécialités, mais aussi pour nous renseigner sur notre profession », ajoute Christian Lefebvre qui regrette que les journalistes juridiques s’intéressent beaucoup à des faits ponctuels, mais pas forcement à de grands débats comme celui entre le droit continental et le droit anglo-saxon.
Le journaliste juridique a aussi une fonction d’aiguilleur. Pierre Berlioz attend de lui qu’il « attire son attention sur des points importants dans ce bruit juridique constant ». Il doit faire ressortir l’élément décisif d’un sujet d’actualité, « ce qui nous permet à nous, universitaire, de faire le tri ». « L’information change de perspective lorsqu’elle passe le filtre des journalistes juridiques », explique Pierre Berlioz.
Mais, pour rendre compte des débats ou questions juridiques qui agitent le monde du droit, le journaliste se heurte à des contraintes de temps dans le cadre du bouclage d’un journal ou d’une revue. « Le temps juridique n’est pas le temps de la presse », fait remarquer Anne Portmann, vice-présidente du CJJ.
Les journalistes juridiques médias à titre individuel
Sous l’influence des réseaux sociaux, le rôle du journaliste juridique se transforme. Le journaliste devient une « référence » et peu à peu prend le pas sur sa publication. « Les journalistes juridiques gagnent en influence, mais perdent en abonnés. Vous êtes devenus des marques individuelles », estime Nicolas Corato. L’information relayée par un journaliste spécialisé, même dans le cadre d’un tweet a une autre valeur, abonde Pierre Berlioz.
Christian Lefebvre considère pour sa part que « le journaliste juridique ne peut être pertinent que dans le cadre de ses relations avec les professionnels ».
Enfin, de l’avis de tous les intervenants, le journaliste juridique doit trouver davantage d’axes de collaboration avec ses partenaires que sont les professionnels du droit, les universitaires ou encore les agences de communication. Ce sont ces échanges qui lui permettent d’alerter sur certaines problématiques juridiques et de sensibiliser davantage le public sur les questions de droit.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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