Mathilde Jouanneau, avocate engagée et femme de théâtre

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Très attachée aux questions d’égalité et à la place des femmes dans la profession d’avocat depuis de nombreuses années, l’avocate a mis en scène Antigone dont la prochaine représentation aura lieu demain à l’auditorium de la Maison du Barreau.

Avocate de 52 ans, Mathilde Jouanneau a toujours fait du théâtre en parallèle. Sans son échec au concours national supérieur d’arts dramatiques, il est fort à parier que son destin serait tout autre : sur les planches plutôt que dans les prétoires.

Issue d’une famille de juristes (parents et grands-parents maternels avocats), elle fait logiquement des études de droit à Paris I Panthéon-Sorbonne. En parallèle, elle est inscrite au conservatoire municipal à Paris dans le 16ème arrondissement. Elle échoue au concours national supérieur d’arts dramatiques, mais réussit le concours d’avocat, ce qui lui évitera de faire un choix.
Elle intègre le barreau de Paris en 1994 et, guidée par sa passion de l’art oratoire, elle décide de tenter la conférence de stage.
Elle finit quatrième secrétaire de la conférence du stage (celui en charge de la préparation des berryers) dès l’année suivante. De cette expérience, elle dit : « Cela m’a permis de joindre les deux mondes ».
Ensuite, elle travaille au cabinet de son père pendant 5 ans. Elle y a appris la rigueur : « Jamais un dossier n’est perdu d’avance, il faut trouver une solution ».
Élue au conseil de l’Ordre en 2000, elle est engagée sur les questions de collaboration et met en place avec l’Ordre la présence des avocats en garde à vue. À l’issue son mandat qu’elle qualifie d’enrichissant, elle ressent le besoin de créer son cabinet, le cabinet 5 Malraux. Elle y exerce le contentieux généraliste, le droit de la famille, le droit du travail, le droit disciplinaire, la propriété littéraire et artistique et le droit de la presse.

Elle poursuit toutefois son engagement dans la profession en étant élue sur la liste Femme et Droit au Conseil national des barreaux en 2003.
Présidente de l’association Femmes & Droit depuis 2013, elle milite pour la parité au sein des institutions représentatives de la profession, permettant à l’association de présenter et soutenir les avocates candidates au sein des institutions ; son attachement aux questions d’égalité l’a amenée à créer et à intervenir au sein des commissions égalité de l’Ordre et du Conseil national des barreaux et à intervenir régulièrement sur ces sujets dans les colloques ou les médias.

Des planches à la mise en scène

Dans le même temps, elle a toujours continué à jouer au théâtre pendant 10 ans dans une troupe de juristes, « Blagapars », réunissant professeurs de droit, avocats et juristes avec des spectacles aussi bien de théâtre de boulevard que du classique, et même une comédie musicale !
Quand on lui demande ce qui lui plaît dans le théâtre, elle répond que c’est « un domaine très riche dans l’expression ». A cette époque, elle se met aussi à la mise en scène. C’est une véritable révélation ! « J’adore diriger les acteurs, réfléchir à la psychologie des personnages et travailler sur un texte pour que cela puisse donner une expression », dit-elle. Elle met en scène notamment « Musée haut, musée bas » de Jean-Michel Ribes, à la demande de Basile Ader, alors vice-bâtonnier de Paris.

Pour Antigone, dont la première représentation a eu lieu le 31 mai dernier, avec plus de 350 spectateurs à l’auditorium de la Maison du Barreau, elle a eu également envie  de remonter sur scène. Avec cette pièce, elle souhaite transmettre les valeurs de démocratie, de lutte contre les lois scélérates au travers du personnage emblématique d’Antigone, figure féminine symbole de résistance. Une nouvelle représentation aura lieu demain à la Maison du barreau.
Les bénéfices seront reversés à La Croix Rouge pour l’Ukraine. 

Arnaud Dumourier (@adumourier