Louis de Gaulle : « Notre raison d’être est d’accompagner les entreprises dans leurs transitions »

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A l’occasion des 20 ans du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés, Le Monde du Droit a interrogé Louis de Gaulle, Fondateur du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés.

Le cabinet fête ses 20 ans, c'est une nouvelle étape. Pouvez-vous revenir sur l'évolution du cabinet depuis sa création ?

La société De Gaulle Fleurance & Associés a été créée le 15 octobre 2001. Nous étions 6 avocats et 2 assistantes.
Nous sommes 25 fois plus nombreux aujourd’hui !

Nous avons beaucoup misé sur le capital humain. En d’autres termes, nous avons laissé la place à ceux qui nous ont rejoint pour qu’ils prennent part à notre projet. Je pense que c’est cela qui a fait notre force au-delà du travail que nous avons fourni. Dès l’origine, les actions de la société ont été dépatrimoinialisées. Cela veut dire qu’elles n’ont pas de valeur, qu’il n’y aura donc pas de frein à la transmission et que la société appartient à ceux qui l’animent. C’est un vrai ciment pour notre cabinet et son « assurance-vie ». Dans un monde post-covid qui interroge les modèles d’entreprendre et le partage de la valeur, c’est aussi un choix qui prend tout son sens.

Une autre spécificité de De Gaulle Fleurance & Associés est que nous ne sommes pas organisés en départements. Nous formons des équipes projet en fonction de chaque dossier selon les besoins de nos clients. Ce décloisonnement est très apprécié par nos clients et nos collaborateurs car cela permet de dépasser son expertise principale, d’enrichir son expérience et finalement de fournir un meilleur conseil avec l’expérience grandissante.

Comment expliquez-vous cette trajectoire ?

Pour réussir sur notre marché, il faut beaucoup d’expertise, d’attention aux clients, être inventif et dans l’anticipation et savoir prendre des risques. Notre organisation décloisonnée nous permet d’être très mobiles et agiles. Ainsi, les ressources sont en permanence employées sur des dossiers. Nos clients apprécient cette approche décloisonnée du droit et ce regard à 360 ° parce que leurs problématiques dépassent souvent une seule expertise juridique.

Quelles sont les perspectives de développement ?

Nous avons toujours essayé de faire preuve d’anticipation pour identifier les nouveaux besoins et les transitions. Nous l’avons fait sur la transition numérique et la transition énergétique.

Nous continuons dans cette démarche et avons déjà investi sur les transitions sociétales, l’agrifood, les mobilités douces et la ville de demain. Les droits humains sont toujours plus au cœur des projets des entreprises, comme le montrent la création du devoir de vigilance en France et la directive européenne en préparation sur ce même sujet. Nous travaillons aussi sur les relocalisations de l’économie. Nous avons ouvert cette année une filiale à Abu Dhabi afin d’accompagner les entreprises dans l’acquisition de parts de marché, notamment en Afrique.

Nous essayons de comprendre quelles sont les tendances économiques, les transformations, et de s’inscrire dans ces transitions en adaptant nos expertises et nos équipes.

Ainsi, sur le marché de la transition énergétique, nous sommes parmi les leaders dans toutes ses dimensions (financement de projets, contrats, contentieux, aspects réglementaires…) et sommes très actifs pour aider et accompagner nos clients à trouver les nouveaux modèles économiques.

Nous n’hésitons pas à travailler sur les passerelles avec nos clients afin de mieux appréhender ce qu’il est possible de faire dans les entreprises. Nous avons par exemple recruté plusieurs directeurs juridiques ou banquiers. Nous intégrons donc des personnes qui ont eu à gérer ces sujets au sein de l’entreprise et qui peuvent concevoir une stratégie ainsi que des conseils à forte valeur ajoutée.

Pour conclure sur cette question, notre raison d’être est d’accompagner les entreprises dans leurs transitions, qu’elles soient écologiques, numériques ou sociétales. Un des défis pour les cabinets d’avocats d’affaires est de donner du sens à leur activité parce que tant nos clients que nos collaborateurs ont besoin de cela. C’est une évolution importante dans notre métier. Les cabinets qui ne sauront pas prendre le virage de cette transition ne pourront pas se développer dans notre marché.

Que pensez-vous de la transformation numérique du monde du droit, des legaltech ?

En ce qui concerne les legaltech, c’est une dimension du juriste de demain.

Nous avons intégré pleinement ces mutations en créant notamment des outils de probabilité en matière de contentieux en marques, dessins et modèles, brevets… (LitiMark, LitiDesign, LitiSafe, LitiPat…), seuls ou en partenariat avec des LegalTech, comme par exemple Case Law Analytics.

Nous travaillons également sur un projet avec un éditeur qui permettra d’évaluer le pourcentage de risque sur un litige afin de pouvoir l’assurer ou le financer, notamment en matière d’arbitrage international.

Une des caractéristiques du marché du droit est que les directions juridiques se sont beaucoup étoffées, ont des expertises internes très pointues, sont des utilisateurs avertis du numérique.

Elles attendent des avocats qu’ils soient des utilisateurs au moins aussi avertis qu’elles le sont, mais aussi et surtout des conseils.

Une partie du métier évoluera aussi peut-être vers du management de transition de la fonction juridique.

Enfin, il faut proposer des prestations à forte valeur ajoutée puisque nos clients sont de plus en plus experts.

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier