Interview de Danielle Partouche-Lévy et Augustin Kemadjou, Candidats au Conseil de l’Ordre de Paris

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En partenariat avec Le Monde du Droit, le Club AvoTech, premier « do tank » des avocats créateurs de legaltech en France, a décidé d’interpeller les candidats au Conseil de l’Ordre de Paris, sur leur vision de l’avocat de demain. Aujourd’hui, Danielle Partouche-Lévy et Augustin Kemadjou répondent aux questions de Charlotte Hugon et Mathieu Davy, Avocats et membres fondateur d’AvoTech.

Quelle est votre vision de l’Avocat ?

AK : L’Avocat de demain aura une vision différente de celle que nous avons aujourd’hui parce que tout change. Il y a une multitude de moyens technologiques qui apparaissent aujourd’hui et sont bien mieux maîtrisées par les jeunes du Barreau.

DPL : Je pense que nous sommes en pleine évolution et que l’Avocat de demain a l’obligation de s’adapter. Comme dit l’adage, ce ne sont pas ceux qui sont les plus forts qui s’en sortent, mais ceux qui s’adaptent.

Une étude récente révèle que 85 % des justiciables, face à un problème juridique, vont chercher la solution sur internet. Ça vous inspire quoi ?

DPL : Nous sommes dans une société où internet régit tout. Nous nous trouvons confrontés à des clients qui nous disent « ah oui mais alors sur internet, ils disent ceci et cela ». L’aspect positif est une démocratisation au service de tous mais l’aspect indispensable est une protection de cette démocratisation. 

AK : Il faudrait que ceux qui écrivent ou ceux qui rédigent sur internet soient suffisamment informés ou formés pour ne pas écrire n’importe quoi.

L’Ordre doit-il agir sur ces questions ?

AK : Absolument, moi je pense que l’Ordre doit contrôler la qualité de ce qui est sur internet, par exemple envisager de créer un groupe d’Avocats qui travailleraient avec des spécialistes pour mettre en ligne des choses fiables.

Que pensez-vous de l’Avocat chef d’entreprise, porteur de Legaltech, notamment depuis l’article 111 du Décret MACRON ?

AK : Je suis 100 % favorable car avec l’esprit de chef d’entreprise, on n’a pas seulement l’esprit de professionnel libéral, ou d’Avocat tout simplement, on a aussi la responsabilité de gestion. 

DPL : Je pense que plus l’Avocat a cette conscience de la notion d’entreprise et plus il a de chance de développer son activité. La profession est en mutation, elle étouffe. On a de plus en plus de jeunes, qui ne trouvent pas de stage, qui n’ont pas de débouché donc il faut impérativement ouvrir l’esprit sur tous ces nouveaux potentiels qui leur permettront, d’une manière bénéfique, de développer leur activité.

Comment l’Ordre pourrait aider justement les Avocats qui se lancent dans la création d’une entreprise en faveur des Avocats pour pouvoir développer leur activité ?

AK : Je chercherais par tous les moyens à mettre en place une équipe d’experts à l’Ordre sur ces sujets. L’objet serait de développer un cahier des charges, et allouer un fond de roulement. L’argent que l’Ordre dépense pour tel ou tel sujet, on peut bien en consacrer une petite partie, pour la formation, et pour aider les Confrères qui veulent se lancer.

Admettons, vous venez de prêter serment cette année, quels seraient vos réflexes, vos actions pour percer dans la profession, pour tisser vos réseaux, pour créer de la clientèle ?

AK : J’irai dans les réseaux professionnels, je serai visible sur Google, et sur tous les réseaux sociaux. Le bouche-à-oreille fonctionne encore mais il n’est plus ce qu’il était quand j’ai prêté serment il y a 23 ans !

DPL : C’est vrai que le réflexe des gens aujourd’hui c’est internet, c’est Facebook, c’est Twitter, c’est la communication. Mais il faut aussi rester dans notre monde réel, parce que la communication via internet peut aussi conduire à une dévalorisation. On voit de plus en plus de legaltech, payantes, nous envoyer un client et finalement recevoir un devis imposé de 40 ou 50 euros… là je dis non, à nous de faire attention, on ne peut pas tout accepter.

D’où la nécessité que l’Ordre intervienne, peut-être, via un label ?

AK : C’est une bonne piste : si l’Ordre donne un label, ça veut dire qu’il y a quelque chose de sérieux derrière, qu’on n’a pas fait n’importe quoi. 

DPL : Pour moi, la nécessité d’un label est impérative au bon contrôle de la création de ces sociétés. Et il y a une autre chose qui me semble importante au niveau de l’Ordre, c’est la nécessité de communiquer sur la formation à ces nouvelles technologies.

On vous laisse conclure ?

AK : L’essor des legaltech d’avocats est une très bonne chose. Je persiste et signe qu’il faut attirer l’attention de l’Ordre là-dessus, pour l’avenir de l’exercice des jeunes confrères.

DPL : L’avocat de demain, c’est l’avocat moderne, incontournable sur internet.

Interview réalisée par Charlotte Hugon et Mathieu Davy, Avocats et membres fondateur d’AvoTech