Réactions aux propos de François Hollande sur la magistrature

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francois hollandeTour d'horizon des réactions après la publication d'extraits du livre "Un président ne devrait pas dire ça..." dans lequel François Hollande qualifie l'institution judiciaire de "lâche".

Les réactions d'indignation ont été nombreuses suite aux propos tenus par le président de La République François Hollande, aux deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, rapportés dans leur livre Un président ne devrait pas dire ça…" La magistrature ? "Une institution de lâcheté", selon le président de la République. "C’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique."

Pascal Eydoux, Président du Conseil national des barreaux (CNB) a manifesté "sa consternation et son incompréhension à la suite de ces propos du  président de la République à l’égard des magistrats et considère que de telles appréciations sont de nature à porter atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire et qu’elles créent une situation préoccupante".

La Conférence des bâtonniers, par la voix de son Président, Yves Mahiu, fait part de sa consternation face à cette prise de position : "ces propos fragilisent l’institution judiciaire et portent atteinte à tous ceuxqui concourent à l’œuvre de Justice dans notre pays : magistrats, avocats, fonctionnaires des greffes...". et a condamné fermement ces propos.

Bertrand Louvel, premier président de la Cour de cassation, a dénoncé "des outrances renouvelées à l’encontre du pouvoir judiciaire [qui] posent un problème institutionnel". "Il n’est pas concevable de diffuser parmi les Français une vision aussi dégradante de leur justice", a-t-il poursuivi.

Les conférences réunissant les premiers présidents et procureurs généraux de cours d'appel ainsi que les présidents de tribunaux de grande instance et procureurs de la République "déplorent vivement ces propos" qui "n'ont pas été démentis à ce jour". Ils rappellent que la Constitution "confie au président de la République la mission de garant de l'institution judiciaire".

L'Union Syndicale des Magistrats (USM) est 'atterrée de lire aujourd'hui des propos stigmatisant la lâcheté de l'institution judiciaire en son ensemble' et "consternée par ce double discours du garant constitutionnel de l'indépendance de l'autorité judiciaire". "Elle rappelle qu'il est indifférent que les magistrats « aiment » ou non « le politique », leur mission étant de dire le droit, en toute indépendance et sans préjugés. Le fait que l'USM, qui a recueilli 70,8% des voix des magistrats aux dernières élections professionnelles, soit apolitique en est certainement le meilleur exemple" et "demande que les propos sur la lâcheté de l'institution judiciaire soient infirmés ou retirés".

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a jugé que les propos du chef d'État sur la "lâcheté" des juges étaient à la fois "dangereux et injustes".

Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, a tenu "à réaffirmer son absolue confiance en l’institution judiciaire et la considération qu’il porte à l’ensemble des magistrats qui la compose" et a rappelé "les engagements constants du Président de la République et du gouvernement pour défendre l’indépendance et la place essentielle de l’autorité judiciaire".
Il a également indiqué qu'il recevra demain les conférences des premiers présidents de cour d’appel, des procureurs généraux, des présidents de tribunaux de grande instance et des procureurs de la République.

Arnaud Dumourier (@adumourier)